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Transports

Les patrons de Volkswagen crucifiés par ce petit-fils de Ferdinand Porsche

Ernst Piëch (à droite, ici au côté de l'artiste Tanja Player) ne mâche ses mots en ce qui concerne l'avenir de l'automobile, et de Volkswagen en particulier.

Ernst Piëch (à droite, ici au côté de l'artiste Tanja Player) ne mâche ses mots en ce qui concerne l'avenir de l'automobile, et de Volkswagen en particulier. - Mamag Modern Art Museum - Wikimedia

Héritier de la famille fondatrice de Volkswagen, Ernst Piëch, 87 ans, règle ses comptes avec l’actuelle direction, à coups de phrases proches de la sentence. Il prévoit même le rachat du géant allemand par des... Chinois.

Dans la famille Piëch, tout le secteur automobile connait Ferdinand, ancien président du directoire de Volkswagen, aussi connu pour ses colères homériques que pour sa stratégie qui amena le groupe au sommet, avant le dieselgate. Mais depuis le week-end dernier, c’est son grand frère, Ernst, qui fait parler de lui. A 87 ans, cet autre petit-fils de Ferdinand Porsche (créateur de la Coccinelle et à l’origine de la marque VW dans les années 30) n’a pas la langue dans sa poche, avec une attitude plus proche de Tatie Danielle que du grand-père pourvoyeur de bons conseils.

La fin de l'automobile et de Volkswagen

Dans une interview à la Frankfurter Allegemeine Zeitung (FAZ) parue dimanche dernier, Ernst Piëch est catégorique: "Das Auto is am Ende". "La voiture est en train de mourir", une affirmation qui résonne étrangement, tant l’expression "das Auto" fut le slogan des heures de gloire du groupe Volkswagen. Depuis fin 2015, suite au scandale des moteurs diesel truqués, le premier constructeur automobile allemand n’utilise plus ce slogan...

Les nouveaux dirigeants du groupe en prennent d’ailleurs pour leur grade. Ernst Piëch fustige ainsi la stratégie du leader européen qui mise beaucoup sur les véhicules électriques à batterie.

"Nous avons besoin de solutions plus raisonnables pour les transports, commençons enfin à être vert, clame Ernst Piëch. Ce qui sort de la prise est encore plus sale que ce qui sort du pot d’échappement! La solution, c’est l’hydrogène".

Les anciens dirigeants, dont son propre frère, Ferdinand, en prennent également pour leur grade, notamment pour avoir voulu faire de Volkswagen le premier vendeur de voitures dans le monde.

"Cela n’est pas un objectif, c’est une illusion", fustige Ernst Piëch, qui voit dans le dieselgate la conséquence de cette stratégie, "une folie".

Des ventes en hausse de 3% cette année 

Le point d’orgue de ce tableau s’avère très noir pour l’industrie allemande: Ernst Piëch prévoit le rachat pur et simple de Volkswagen par des investisseurs chinois. "Ils ont déjà les milliards pour acheter l’entreprise", croit-il savoir. La FAZ rappelle que ce dernier a revendu ses parts dans le groupe Volkswagen depuis longtemps. Il gère aujourd’hui un musée consacré aux voitures anciennes.

L’entreprise Volkswagen semble elle continuer d’avancer, malgré les négociations financières aux Etats-Unis sur le rachat des véhicules diesel et les différentes enquêtes européennes. Les ventes du groupe devraient progresser en 2016 de 3% dans le monde, notamment tirées par le marché… chinois!

Pauline Ducamp