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Transports

Les pilotes de Hop! souffrent d'une "fatigue générale préoccupante"

Les pilotes sont en grève depuis jeudi.

Les pilotes sont en grève depuis jeudi. - FRED TANNEAU / AFP

43% des pilotes se disent à "bout de force", selon une étude qui vient appuyer les dires des syndicats. Lesquels ont appelé à une grève de six jours jeudi dernier.

D'après une expertise remise en CHSCT (Comité d'Hygiène, de Sécurité et des Conditions de travail), les pilotes de la compagnie aérienne Hop!, filiale d'Air France, sont dans un état de "fatigue générale préoccupante" en raison d'une forte dégradation de leurs conditions de travail. 

Présentée le 14 juin au comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail du corps des pilotes, cette expertise vient corroborer les affirmations des deux syndicats (SNPL et FUC) qui ont appelé à six jours de grève jusqu'à mardi soir, un mouvement suivi selon la compagnie par plus d'un quart des pilotes. Elle s'appuie sur un questionnaire auquel ont répondu 396 pilotes sur 900, et des entretiens individuels.

"Anxiété et démoralisation"

L'enquête fait état de "risques psychosociaux en forte augmentation" depuis la fusion des compagnies Regional, Brit'air et Airlinair qui a donné naissance à Hop! en 2016 et rendu caducs les accords sociaux précédents. Cette fusion complexe, couplée avec un plan de départs volontaires de 245 salariés, a suscité un sentiment "d'instabilité" et la cinquantaine de départs de pilotes vers Air France fin 2016 a "provoqué une désorganisation profonde qui est venue se surajouter".

Enfin, la réduction de la flotte de Hop!, soumise à la double concurrence du train à grande vitesse et des compagnies aériennes low cost, provoque "anxiété et démoralisation" quant à l'avenir de la compagnie, dont la place, entre l'autre filiale Transavia et le projet de nouvelle compagnie à coûts réduits Boost, est par ailleurs ressentie comme "floue", explique le rapport.

43% des pilotes à "bout de force"

Conséquence de cette "concomitance" de facteurs, les problèmes d'organisation liés à la fusion, les "plannings chargés" et le "refus de certains congés" provoquent "une fatigue générale préoccupante": "43% des pilotes Hop! disent s'être déjà sentis à bout de force, et 15% estiment l'être 'très souvent ou toujours'", un taux qui s'élève à 25% pour les copilotes de l'ex-Britair et 26% pour ceux de l'ex-Regional. 

Une "petite frange" de pilotes, pouvant monter jusqu'à 4 à 5% des copilotes des ex-Britair et Regional, est menacée de burn-out, estiment même les experts. L'expertise recommande la mise en place urgente d'une politique de prévention, tant au niveau des indicateurs que du suivi, une procédure de gestion d'incident critique visant à limiter les stress post-traumatiques (ex: après un suicide) et une information "claire et transparente de Hop! dans la stratégie d'AF-KLM".

P.L avec AFP