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Les postiers de Lisieux craignent d’être "ubérisés" par des smartphones

Selon la CGT, La Poste n’aurait pas mesuré l'impact de Factéo sur les conditions de santé, de sécurité et de travail des employés.

Selon la CGT, La Poste n’aurait pas mesuré l'impact de Factéo sur les conditions de santé, de sécurité et de travail des employés. - Franck Perry - AFP

Le projet Facteo qui vise à équiper les 100.000 postiers d’un smartphone pour réaliser leurs tâches et lancer de nouveaux services est remis en question. A Lisieux, le CHSCT veut en savoir plus sur "les conditions de sécurité et de santé physique et mentale des personnels concernés".

En pleine transformation numérique, La Poste fait face à un obstacle inattendu qui vise Factéo, une application développée pour améliorer les services de distribution de courrier et de colis et lancer de nouveaux services numérique. Le projet, qui représente un investissement de 100 millions d’euros, consiste à équiper d'ici fin 2015 tous les facteurs d’un téléphone mobile doté de l'appli, soit, environ 90.000 appareils. 

En plus de l'usage professionnel, les postiers pouvaient utiliser leur smartphone personnellement et gratuitement avec un forfait de 2 heures de communication téléphonique et le SMS en illimité. Lancé en 2011, cette opération se passait plutôt bien jusque là.

Mais à Lisieux, elle n’est pas particulièrement bien perçue. Le CHSCT s’interroge sur "les conditions de sécurité et de santé physique et mentale des personnels concernés". Une plainte a été déposée et La Poste a dû récupérer les 250 Galaxy S4 Mini qu’elle avait distribués. 

Une analyse d’impact sur les conséquences médicales sur le personnel a été confiée au cabinet Secafi. Cette expertise, facturée 50.000 euros, est à la charge de l’employeur. 

Pour le secrétaire du Comité d'hygiène de sécurité et de conditions de travail (CHSCT) du bureau de poste de Lisieux, Christophe Musslé (CGT), cette étape est incontournable. Interrogé dans Le Pays d’Auge, il indique que "ce projet modifie de manière importante les activités des facteurs. La Poste n’a pas mesuré son impact sur les conditions de santé, de sécurité et de travail des employés".

Facteur 2.0 : un risque pour la santé et l'emploi ?

Le responsable a un autre argument. Selon lui, Factéo permet "à la direction de récupérer 6 minutes par jour et par agent, soit plus de 31 heures par an, soit 5,4 emplois à temps plein dans le pays d’Auge".

En 2013, Factéo avait fait l'objet d'une polémique. La CGT FAPT 77 critiquait le projet, mais aussi les propos d'Yves Xemard, directeur général adjoint du courrier de La Poste, qui expliquait sur l’antenne de BFM Business que les nouveaux services numériques avaient pour but de faire face à la baisse du chiffre d’affaires de l’activité postale et, surtout, que Factéo avait reçu "l’adhésion des organisations syndicales".

L’affaire de Lisieux risque-t-elle de faire tâche d'huile en s'étendant à d’autres bureaux? Si l’expertise va dans le sens du CHSCT, le Facteur 2.0 pourrait avoir du plomb dans l’aile. En attendant ces résultats, Zainatie Manner, adjointe au directeur régional du courrier, indique que le déploiement va se poursuivre en Basse-Normandie… à moyen terme et, cette fois, "avec l’aval des instances réglementaires".

Pascal Samama