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Les rémunérations des dirigeants de Carrefour font polémique

L'assemblée générale du groupe français a été marquée par de vives critiques concernant la rémunération d'Alexandre Bompard, et les indemnités de son prédécesseur Georges Plassat.

Arrivé il y a mois d'un an à la tête de Carrefour, Alexandre Bompard a vécu une première assemblée générale mouvementée, sommé de s'expliquer par des salariés-actionnaires sur la rémunération de son prédécesseur qui a laissé le groupe en piètre forme.

Les protestations ciblaient essentiellement l'ancien PDG du groupe, Georges Plassat, parti à la retraite en juillet 2017 avec plus de 13 millions d'euros, une somme "dépourvue de toute exemplarité" selon la CFDT et qualifiée de "déconnectée" des résultats, en berne, du distributeur.

Devant l'émotion suscitée, Alexandre Bompard a annoncé qu'il allait faire des propositions au conseil d'administration concernant sa propre indemnité de départ, versée au terme de son mandat, qui court jusqu'au 31 décembre 2020, afin qu'elle ne "fasse pas débat".

Il a également demandé à ce que son intéressement comprenne une part importante en actions, et non en cash. Quant à sa rémunération variable, il a demandé à ce qu'elle tienne compte du free cash-flow (flux de trésorerie disponible) dégagé par l'entreprise, une résolution votée à 75%.

Rémunération maximale pour Bompard

Alexandre Bompard a perçu, au titre de 2017, un salaire fixe de 750.000 euros bruts et une rémunération variable de 1,24 million d'euros bruts, soit le montant maximal prévu en cas d'atteinte d'objectifs de performance.

Avant l'ouverture de l'AG à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), une petite centaine de manifestants s'étaient rassemblés à l'appel de la CGT pour protester contre la fermeture des 243 ex-magasins Dia, liquidés "sans état d'âme", et apporter leur soutien aux 2.100 salariés concernés, "bradés et "sacrifiés" selon le syndicat.

A l'intérieur, l'habituelle ambiance feutrée des assemblées générales s'est transformée, au fur et à mesure de l'avancée de la réunion, en un concert de sifflets, voire de protestations, venus de plusieurs dizaines d'actionnaires-salariés, portant chasubles et casquettes orange aux couleurs de la CFDT.

"On est en pertes ! Les objectifs ne sont pas atteints !" lancent-ils depuis les travées, criant et huant face aux explications de la direction de Carrefour concernant la rémunération de l'ancien PDG, finalement votée à 68%.

Remontrance du gendarme de la gouvernance

Dans le même temps, le gendarme de la gouvernance a demandé à Carrefour de répondre "dans les plus brefs délais" sur les modalités de détermination de la rémunération de ses dirigeants, et notamment sur les indemnités de départ de Georges Plassat.

"Celles-ci constituent des déviations sérieuses par rapport aux recommandations du code Afep-Medef" et "il appartient au groupe Carrefour de répondre à ces interrogations dans les plus brefs délais", estime le Haut Comité de gouvernement d'entreprise (HCGE) dans un communiqué.

Y.D. avec AFP