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Les restaurateurs dénoncent l'"uberisation" de leur profession

Plus de 3.000 restaurants "clandestins" s'affranchissent des questions de fiscalité et de réglementation en France, selon le Synhorcat,

Plus de 3.000 restaurants "clandestins" s'affranchissent des questions de fiscalité et de réglementation en France, selon le Synhorcat, - Lionel Bonaventure-AFP

Des sites Internet proposent des repas facturés par des particuliers, devenus restaurateurs d'un soir. Des syndicats professionnels dénoncent cette concurrence déloyale.

Après l'hébergement via Airbnb et le transport via Uber et Blablacar, la restauration de particuliers à particuliers sur Internet va-t-elle bouleverser la profession ? Celle-ci commence à prendre le sujet très au sérieux.

"Trois mille restaurants clandestins s'affranchissent des questions de fiscalité et de réglementation en France", a dénoncé le Synhorcat, syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs.

"Pour un repas comprenant une entrée, un plat, un dessert, des alcools servis sur fond de musique, on trouve des offres à 80 euros sur des plateformes numériques. Nous ne sommes plus là dans un modèle de participation aux frais, mais bien dans un commerce qui s'affranchit totalement des questions de santé publique et de toute fiscalité et réglementation", souligne le syndicat, à l'issue d'une réunion avec Martine Pinville, la nouvelle secrétaire d'Etat chargée du Commerce et de la Consommation.

La question de la fiscalité au coeur des débats

"Ils représentent une obscure concurrence et détruisent l'emploi" a estimé, pour sa part, Hubert Jan, président d'Umih-Restauration, à propos de l'essor des dîners organisés et facturés chez l'habitant, dans le quotidien Le Parisien.

Sans les nommer directement, les restaurateurs professionnels mettent en cause des sites Internet comme celui de Vizeat. Cette start-up française permet de réserver une table d'hôte chez un particulier et compte déjà plus d'un millier d'adhérents.

Comme Airbnb ou Blablacar, son modèle économique est celui de l'intermédiation. Une commission est prélevée sur les réservations en ligne, aucun échange d'argent n'ayant lieu directement entre particuliers.

Comme pour toutes ces plates-formes Internet de l'économie collaborative, la question de la fiscalité fait débat.

Airbnb collecte désormais la taxe de séjour à Paris

Tout récemment, Airbnb a fini par accepter de collecter la taxe de séjour, pour le compte de la mairie de Paris.

Dans le cas de la restauration en mode "collaboratif", le syndicat Synhorcat réclame "une déclaration systématique et obligatoire à l'administration ainsi qu'aux services fiscaux". Il demande également le "respect des règles existantes, notamment l'obligation de disposer d'une licence pour pouvoir vendre de l'alcool".

"Nous vivons dans un monde de fous où les acteurs de l'économie traditionnelle de l'hôtellerie et de la restauration se voient imposer toujours plus de réglementations au nom de l'intérêt et de la protection du consommateur, alors que pendant ce temps les plateformes de l'économie collaborative nous concurrencent en s'affranchissant de la loi", a encore souligné Didier Chenet, président du Synhorcat.

Frédéric Bergé