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Les smartphones chinois voient les portes du marché américain se fermer

Les autorités américaines ont écrit à la Federal Communication Commission (FCC) pour exprimer ses inquiétudes sur les ambitions de Huawei aux États-Unis 

Les autorités américaines ont écrit à la Federal Communication Commission (FCC) pour exprimer ses inquiétudes sur les ambitions de Huawei aux États-Unis  - Greg Baker - AFP

AT&T a annoncé qu'il ne distribuerait finalement pas les smartphones du groupe chinois Huawei, et d'autres opérateurs pourraient suivre. Le leader des télécoms aux États-Unis aurait été dissuadé de finaliser les accords après des pressions des autorités américaines.

Difficile de vendre un smartphone dans un pays sans le soutien des opérateurs télécom, même pour les géants du secteur. Pour lancer aux États-Unis le Mate 10 Pro, son nouveau modèle concurrent de l’iPhone X, le géant chinois Huawei négociait un accord avec AT&T, le plus important opérateur télécom du pays. Le contrat qui devait être finalisé cette semaine ne le sera finalement pas, comme l’a révélé le Wall Street Journal.

AT&T s'est brutalement retiré des discussions sans donner d’explications. Mais, selon The Information, l'opérateur a subi des pressions d’un "groupe de législateurs" qui a "exprimé ses inquiétudes sur les ambitions de Huawei aux États-Unis" à la Federal Communication Commission (FCC). Le courrier visait aussi Verizon qui selon le site américain Android Police pourrait revenir sur son intention de distribuer le Mate 10.

Les autorités américaines plus sévères envers la Chine

Ce n’est pas la première fois que Huawei se voit interdire le marché américain. En 2014, les États-Unis lui ont déjà interdit de vendre ses antennes relais aux opérateurs prétextant une trop forte proximité avec le gouvernement chinois.

Mais dans le cas des smartphones, l'explication serait liée au protectionnisme accru de l'administration Trump. D’ailleurs, Huawei ne serait pas le seul fabricant chinois de smartphones à voir les portes du marché américain se fermer. L’accord pour distribuer par AT&T et Verizon les produits de Xiaomi pourrait également ne pas aboutir.

Comme l’indique l’AFP, les autorités américaines se font plus sévères sur les opérations de partenariat et de fusion-acquisition menées par les industriels chinois. La semaine dernière, elles se sont opposées au rachat de MoneyGram, groupe américain spécialisé dans les transferts d'argent, par le chinois Ant Financial, société financière liée au géant du commerce en ligne Alibaba.

Amazon, Tesla, Facebook et Apple sous pression en Chine

Cette stratégie protectionniste n’est pas propre aux Américains. Pour vendre leurs produits en Chine, les grands groupes américains sont soumis à des règles drastiques. L'année dernière, les services de Facebook, Instagram et WhatsApp ont été bloqués par les autorités chinoises qui ne parviennent pas à les soumettre à la censure gouvernementale, mais aussi pour laisser les services numériques locaux, comme WeChat du groupe Tencent, se développer.

Dans l’automobile, Tesla a pu vendre ses voitures électriques seulement en installant une usine à Shanghai, tout en payant une taxe d’importation de 25%. Pour sa part, Amazon a été contraint de vendre ses serveurs à Beijing Sinnet Technology pour se soumettre "aux lois et aux règlementations chinoises".

Quant à Apple, les négociations avec China Mobile pour distribuer l’iPhone ont duré des années. Le groupe californien a dû s'associer à un groupe chinois pour son centre de données et céder aux exigences du gouvernement de Pékin en censurant des applications de VPN qui permettaient d’accéder aux réseaux sociaux américains, mais aussi à celle du New York Times.

En janvier 2017, Apple expliquait dans un communiqué que "certaines applications n'étaient pas en conformité avec leurs nouvelles règlementations [chinoises]". Mais comme le signalait la BBC à l’époque, "Apple est sous pression des constructeurs de smartphones locaux (Huawei, Xiaomi, Oppo) et ne peut pas risquer de fâcher Pékin".

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco