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Les supercalculateurs à portée de main des PME

Toutes les PME n’ont pas forcément besoin de puissance de calcul exceptionnelle. Cela concerne surtout celles issues de la recherche ou encore les start-up très high tech, dans le domaine de l’impression 3D ou des FinTech par exemple

Toutes les PME n’ont pas forcément besoin de puissance de calcul exceptionnelle. Cela concerne surtout celles issues de la recherche ou encore les start-up très high tech, dans le domaine de l’impression 3D ou des FinTech par exemple - Flickr

"Ce n’est que le tout début, mais la puissance de calcul des supercalculateurs commence à être déclinée dans des offres à la demande, auxquelles des PME pourront recourir ponctuellement."

Pour ceux qui penseraient encore que les supercalculateurs ne sont l’affaire que de quelques groupes industriels du CAC40; et qu'une PME n’en aurait ni l’utilité ni les moyens, il est temps de changer d'état d'esprit. Si l’achat d’un supercalculateur reste effectivement l’apanage d’acteurs puissants pouvant consentir des investissements se chiffrant en dizaines de millions d’euros, son usage ponctuel commence à se démocratiser. Une PME peut aujourd’hui louer de la capacité de calcul ponctuellement, et y avoir accès en ligne via le cloud computing.

Simulateurs en ligne

"Il existe des offres de location de puissance de calcul à la minute, c’est un marché qui se développe car avoir un supercalculateur à soi coûte trop cher", souligne Michel Daydé, le directeur de l’IRIT, laboratoire de référence du CNRS en Informatique. Du côté de Deloitte Digital, le constat est similaire : "Depuis 3 ou 4 ans les supercalculateurs entrent dans le monde privé. Leur commercialisation comme un service en ligne en a démocratisé l’usage", révèle son Chief Technical Officer, Henri Pidault. Une entreprise peut ainsi louer de la puissance de calcul auprès d’Amazon Redshift, de Google Compute Engine, d’IBM, de General Electrics, d'Atos/Bull, etc. Des fournisseurs qui mettent à disposition en ligne des simulateurs.

Cela dit, toutes les PME n’ont évidemment pas forcément besoin de puissance de calcul exceptionnelle. Cela concerne surtout celles issues de la recherche, les start-up très high tech, dans le domaine de l’impression 3D ou des FinTech par exemple. "Dans le monde de la finance, prévoir le futur c’est gagner de l’argent. Or les supercalculateurs permettent de faire des prédictions et répondent aux besoins des grandes banques d’investissements. Du coup ces machines sont au cœur de leur business", estime Henri Pidault.

Anticiper le comportement des consommateurs

Pour les entreprises dont la modélisation n’est pas le cœur du métier, l’autre champ d’application important est davantage d’ordre marketing. Si les supercalculateurs peuvent, au moyen de logiciels ultrasophistiqués, aider à anticiper les comportements des acteurs des marchés financiers, ils peuvent aussi contribuer à prédire le comportement d’un consommateur. "Le calcul à haute performance peut répondre à un besoin périphérique au cœur de métier d’une société, dans le cadre d’une simulation de masse pour la conception de la stratégie marketing liée à un produit", explique le CTO de Deloitte Digital. Il s’agira par exemple de faire de nombreux calculs à partir des données d’un fichier clients et des comportements observés en ligne via des outils de tracking – c’est-à-dire de suivi de la navigation-, pour prévoir statistiquement à quel moment un client risque de se tourner vers un concurrent. Il ne reste ensuite plus qu’à le contacter avec une nouvelle offre commerciale.

Du coup, si l’accès à cette puissance de calcul n’est désormais plus un frein, la vraie problématique repose sur la capacité de l'entreprise à utiliser au mieux cette puissance. Cela nécessite de faire appel au développement de logiciels spécifiques ou au moins à un type d’application. "La puissance ne constitue que 20% de l’équation. Tout l’enjeu consiste à faciliter l’usage de cette puissance", assure Henri Pidault.

Un univers logiciel très spécifique

Certains fournisseurs dans le domaine, dont Bull, incluent un environnement de travail logiciel dans leurs offres. Mais le marché ne s’arrête pas là. "Il y a un champ à conquérir pour tout un tas de nouvelles start-ups, dans le développement de logiciels d’exploitation de toute cette puissance de calcul", expliquait ainsi Philippe Vannier, le PDG de Bull, le 6 avril, sur BFM Business. Ces start-up figureront parmi les intermédiaires entre le fabricant de supercalculateur et les utilisateurs.

Pour l’instant il n’existe essentiellement que des logiciels pour de grosses industries grosses (par exemple, pour les crashs tests automobiles) mais très rares sont peu conçus pour une application à l’échelle d’une PME ou même d’une ETI. "Il y a un terreau (favorable à l’émergence de ce marché) qui va se développer en France dans les années futures", prédit Philippe Vannier.

Adeline Raynal