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Transports

Les VTC manifestent ce jeudi contre Uber 

Un précédent rassemblement de VTC à Paris, en février, à la porte Maillot

Un précédent rassemblement de VTC à Paris, en février, à la porte Maillot - Matthieu Alexandre - AFP

Les chauffeurs sont appelés à se mobiliser ce 15 décembre pour protester contre l'ensemble des décisions prises "unilatéralement" par les plateformes comme Uber, comme des baisses de commissions. Ils dénoncent ainsi une "humiliation".

À leur façon, les VTC battent le pavé ce jeudi 15 décembre. Des centaines de chauffeurs VTC sont ainsi attendus à Paris pour réclamer une meilleure rémunération et dénoncer "l'humiliation" qui leur est infligée selon eux par les plateformes de réservation, Uber en tête.

Le syndicat SCP/VTC (affilié à l'Unsa) et les associations Capa-VTC et Actif-VTC, avaient donné rendez-vous à 6h place de la Porte Maillot, pour un départ en milieu de journée en direction du siège d'Uber, rue de Cambrai dans le nord-est de Paris.

A 7h30, près de 150 berlines noires étaient garées devant le palais des Congrès, les chauffeurs discutant dans le calme sous le regard de la police, mais la circulation était encore possible.

"Uber vendeur de rêve", "Uber=esclavage moderne" ou encore "Uber=cauchemar des chauffeurs", pouvait-on lire sur les banderoles déployées.

3.000 chauffeurs attendus

Déjà ce jeudi matin, la mobilisation des VTC a rendu compliqués les accès aux aéroports de Paris.

Capa-VTC dit attendre un mouvement d'ampleur, et évoque le nombre de 3.000 chauffeurs, dont des "confrères lyonnais, lillois, nantais et strasbourgeois". "Il y a un réel ras le bol cette fois-ci", selon son président Helmi Mamlouk.

"Hausse de la tarification, baisse des commissions, (...) fin du salariat déguisé, fin de désactivation gratuite, fin des décisions unilatérales des applis... Nous voulons le respect!!!", résume Capa-VTC sur les réseaux sociaux.

Cette journée d'action doit servir à dire "stop aux 3,75 euros l'heure, aux commissions excessives, à la déconnexion abusive des chauffeurs par la plate-forme, à l'humiliation", avance le SCP-VTC, qui anticipe de son côté entre 500 et 1.000 chauffeurs. Le syndicat s'en prend à la première plateforme de réservation ("Ubériser pour régner") et à la politique tarifaire dans la profession ("360h/mois = un Smic ! Merci qui...?"), jugée trop défavorable aux chauffeurs.

"Fumisterie"

La hausse des tarifs d'Uber annoncée le 8 décembre a été qualifiée de "fumisterie" et d'"effet d'annonce" par les associations de chauffeurs car le géant américain a relevé dans le même temps la commission prélevée sur chaque course. Et cette hausse, soulignent-ils, n'efface pas la baisse unilatérale de 20% du tarif à Paris, en octobre 2015, qui avait donné lieu à une vague de protestation.

De son côté, un porte-parole d'Uber a estimé que "ce mouvement est sans rapport avec les récents changements tarifaires" de l'entreprise, et affirmé que depuis cette évolution de la grille, "les revenus des partenaires chauffeurs d'Uber ont d'ores et déjà augmenté d'environ 5%".

Ce porte-parole a en outre assuré que deux des associations organisatrices "s'opposent de longue date à l'existence même des plateformes VTC" et "ne représentent qu'une minorité des chauffeurs".

Selon lui, certains des leaders du mouvement "sont par ailleurs connus des services de police pour des appels et faits de violence, et font l'objet de plaintes déposées par Uber et ses employés en France, qui sont en cours d'instruction par les autorités".

De "la casse" à prévoir

Le porte-parole de l'entreprise américaine a par ailleurs répété que sa priorité était de "continuer à améliorer la situation des chauffeurs indépendants qui utilisent l'application" en poursuivant le dialogue.

L'association VTC de France s'est elle dissociée de cette action à la dernière minute. Anticipant "de la casse", elle a affirmé à l'AFP "privilégier la diplomatie à l'offensive" tant que les débats sur la loi Grandguillaume, censée apaiser les relations entre taxis et VTC, ne sont pas clos et le texte définitivement voté.

De son côté, la fédération CFDT des transports a appelé les chauffeurs à "se déconnecter massivement" de la plateforme jeudi, sans appeler à manifester. Le syndicat a rencontré lundi la direction d'Uber. A l'issue de cette réunion - une première - Uber et la CFDT ont décidé d'ouvrir en 2017 des discussions visant à améliorer la rentabilité et la protection sociale des chauffeurs.

J.M. avec AFP