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Loi Florange: après Renault, bras de fer avec l'Etat chez Safran

Les actionnaires de Safran refusent que leur pouvoir soit dilué à l'occasion d'émissions d'actions.

Les actionnaires de Safran refusent que leur pouvoir soit dilué à l'occasion d'émissions d'actions. - Safran

L'application de la "loi Florange", et ses mesures visant à décourager les OPA, suscite des frictions au sein des assemblées générales. Après le bras de fer chez Renault, l'Etat est en prise avec les actionnaires de Safran.

Des fonds activistes menacent de bloquer plusieurs résolutions financières clé lors de l'assemblée générale de Safran prévue pour jeudi, ouvrant un deuxième front dans la bataille entre le gouvernement français et les investisseurs institutionnels sur l'application de la "loi Florange".

Cette loi vise à introduire des droits de vote doubles pour favoriser l'actionnariat de long terme. Safran a évité le débat sur le principe "une action, une voix" qui a agité des groupes comme Renault parce qu'il a déjà un système de droits de vote doubles pour ses investisseurs de long terme qui fonctionne bien.

Mais il est confronté à une révolte d'actionnaires sur un autre article de la loi qui donne plus de marge de manœuvre aux conseils des entreprises françaises pour repousser les OPA. Des fonds représentant de grands actionnaires ont fait savoir qu'ils voteraient jeudi contre les résolutions accordant le pouvoir d'émettre des actions. Ils s'opposent au fait que ces émissions ne suspendent pas les pouvoirs du conseil quand une OPA est imminente.

Le secteur de la défense déjà protégé des OPA hostiles

De telles émissions d'actions sont considérées comme des "pilules empoisonnées" ("poison pills") qui peuvent affecter les valorisations. Le gouvernement fait valoir que décourager les prédateurs fait partie de sa politique visant à se centrer sur l'"économie réelle". "Les 'poison pills' limitent l'influence des actionnaires et ce n'est pas au conseil d'administration de décider à leur place", estime Hugo Dubourg, analyste chez Proxinvest.

Pour beaucoup, le débat concernant Safran peut sembler académique: le fabricant de moteurs pour les missiles nucléaires français est déjà protégé par des décrets protégeant le secteur de la défense d'OPA hostiles.

Ce n'est pas la seule entreprise dans laquelle des fonds contestent la marge de manoeuvre du conseil d'administration pour émettre des actions, Bouygues étant aussi en ligne de mire. Mais l'assemblée générale de Safran est considérée comme un cas d'école pour les entreprises dans lesquelles l'Etat français est actionnaire. Safran et Bouygues se sont refusés à tout commentaire. 

N.G. avec Reuters