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Louis Gallois: "si la Fifa était une entreprise, son patron serait viré"

Louis Gallois a également appelé a favoriser les allègements de charges sur les hauts salaires.

Louis Gallois a également appelé a favoriser les allègements de charges sur les hauts salaires. - BFM Business

Le président du conseil de surveillance de PSA et ancien patron de la SNCF et d'EADS était l'invité de BFM Business ce jeudi 28 mai. Il est revenu sur les principaux enjeux économiques du moment.

La SNCF, EADS et désormais PSA, Louis Gallois a fait le tour des grands noms de l'industrie française et européen. Invité de BFM Business ce jeudi 28 mai, l'actuel président du conseil de surveillance de PSA Peugeot Citroën est ainsi revenu sur les principaux défis actuels de l'industrie. Mais pas seulement.

> Le scandale de le FIFA

Louis Gallois a évidemment dit un mot sur le séisme qui secoue actuellement l'instance mondiale du football.

"Si la Fifa était une entreprise et que le patron de l'entreprise disait 'je ne savais pas; je ne peux pas tout savoir', on le virerait pour justement ne pas avoir su", s'est-il exclamé, en référence aux déclarations du numéro un de la Fifa, Sepp Blatter. "Car on ne peut pas passer à côté de cela dans une entreprise. Peut-être est-ce différent à la Fifa...", a-t-il ajouté.

>Fiat Chrysler a "fait turbuler le système"

Le patron de Fiat Chrysler, Sergio Marchionne, a fait une déclaration fracassante ce jeudi 28 mai en affirmant que l'industrie automobile connaîtra une autre grande fusion dans les trois prochaines années. Pour Louis Gallois, Sergio Marchionne a fait "turbuler le système" en disant "que les capitaux investis dans l'automobile n'ont pas la rentabilité suffisante (..) donc il faut se rapprocher". 

Louis Gallois lui pense que dans le secteur "il y a différents modèles économiques" et qu'ainsi "on est pas obligés de faire 10 millions de voitures pour être un constructeur automobile stable et innovant. Honda fait 4,5 millions de voitures par an et c'est un des plus performants de l'automobile mondiale". D'où "un effet taille" utile mais "pas nécessaire".

> Cibler les baisses de charges sur l'emploi qualifié

Contrairement au Conseil d'Analyse économique (un groupe d'économistes chargés de conseiller Matignon) qui propose de privilégier les baisses de charges sur les bas salaires, celui qui est indirectement le père du CICE propose de cibler les hauts revenus.

"Je m'inscris en faux car je pense que l'on privilégie l'emploi à court terme en avantageant les bas salaire. Or si on veut avantager la compétitivité il faut taper sur salaires de l'industrie qui ne sont pas des bas salaires".

Il cite une étude de la Fabrique de l'Industrie, dont il est co-président. Selon ce document "lorsqu'on compare les allègements de charges sur hauts et les bas salaires, les effets sur bas salaires produisent de l'emploi rapide". Mais sur "les hauts salaires, il y a un effet sur la compétitivité et la croissance et l'on rattrape l'emploi par là". Ce qui, selon lui, "va davantage dans le bon sens".

> La bonne annonce de Valls

Le Premier ministre a annoncé ce jeudi la possibilité de créer un fonds doté de 1 milliard d'euros pour aider les communes, affectées par les baisses de dotations de l'Etat, à investir. Une mesure saluée par Louis Gallois qui y voit "une bonne décision". "J'avais moi-même proposé que l'on protège l'investissement des collectivités qui est extrêmement important pour le secteur des travaux publics". "Que l'Etat mette un milliard est une très bonne nouvelle pour le BTP et donc pour l'activité économique", conclut-il.

> Le renouveau industriel américain

Louis Gallois est également co-président de la Fabrique de l'industrie et s'est, à ce titre, penché sur le renouveau de l'industrie américaine. "De 2010 à 2015 850.000 emplois industriels ont été créés ce qui est considérable mais ce n'est jamais que le tiers des destructions d'emploi entre 2008 et 2010", a-t-il tout d'abord expliqué.

"Ils n'ont donc pas encore remonté la pente en termes d'emplois mais ils l'on fait en termes de production industrielle qui est à 5% au-dessus du pic de 2008 et l'ont légèrement dépassé. Ce qui n'est pas le cas de l'industrie française qui est 10% en dessous de son pic de 2007", a-t-il développé.

"Il y a donc un rebond manifeste. Est-ce une renaissance? Pour cela il faudrait que la compétitivité de l'industrie américaine soit avérée", considère-t-il.

J.M.