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Lourde amende pour un croisiériste américain qui avait pollué la mer

L'enquête des gardes-côtes américains a permis d'établir que le navire Caribbean Princess procédait à des rejets polluants en mer clandestins depuis 2005, un an après sa mise en service.

L'enquête des gardes-côtes américains a permis d'établir que le navire Caribbean Princess procédait à des rejets polluants en mer clandestins depuis 2005, un an après sa mise en service. - Princess Lines

Le croisiériste Princess Lines, filiale de Carnival, devra payer 40 millions de dollars pour avoir rejeté en mer des eaux de fond de cale polluées au fioul et tenté de le cacher, a révélé le ministère américain de la justice.

Les bateaux géants de croisière polluent l'air avec les gaz d'échappement de leurs puissants moteurs mais certains polluent également de manière illicite l'océan. La compagnie Princess Lines, basée en Californie, a été sévèrement condamnée après qu'un de ses navires, le Caribbean Princess a rejeté dans la mer des eaux de fond de cale, polluées par le fioul utilisé en carburant. Avec une pénalité de 40 millions de dollars, le ministère américain de la justice inflige la plus forte amende jamais acquittée par un croisiériste.

Le propriétaire de la compagnie incriminée, le géant américain Carnival Group, devra, en plus, respecter un programme de conformité aux normes environnementales sous la supervision d'un juge, sur les 78 paquebots de ses marques dont Costa Croisières, bien connue en Europe.

Cette affaire, qui révèle les dessous peu glorieux des "croisières de rêve", a été mise au jour grâce à un ingénieur embauché sur le navire mis en cause. Une fois à bord, celui-ci a découvert l'existence d'un "tuyau d'évacuation magique" ayant permis au Caribbean Princess de rejeter en mer de manière clandestine des eaux polluées le 23 août 2013 au large des côtes du Royaume-Uni.

Un "lanceur d'alerte" a dénoncé les rejets polluants aux autorités

Ce lanceur d'alerte a ensuite démissionné de ses fonctions lors de l'escale suivante du navire dans le port anglais de Southampton et prévenu les gardes-côtes britanniques. Les autres membres de l'équipage ont alors fait disparaître ce "tuyau magique" sachant que ces eaux polluées devaient normalement être évacuées du bateau une fois seulement qu'il était à quai, dans des cuves spéciales.

L'enquête menée par les gardes-côtes américains a permis d'établir que le navire procédait à ce genre de rejets en mer clandestins depuis 2005, un an après sa mise en service. Plus grave, les enquêteurs ont aussi découvert que ces pratiques concernaient quatre autres paquebots de Princess Lines. Sur ces bateaux, les machinistes et techniciens dissimulaient leurs rejets illicites en aspergeant d'eau de mer "propre", prélevée dans l'océan, les capteurs censés détecter le rejet d'eau de fond de cale polluée.

"La pollution provoquée dépasse le seul comportement de certaines personnes sur le navire. Cela donne une très mauvaise image de la culture et de la gestion de la compagnie qui aurait dû s'en rendre compte et ne pas le faire. Les résultats de cette enquête et le jugement devraient l'amener à changer de cap ainsi que les autres croisiéristes", a souligné le procureur John Cruden, chargé des enquêtes concernant la protection de l'environnement au ministère américain de la justice

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco