BFM Business
Transports

L'UE et la Chine pourraient trouver un compromis sur la taxe carbone

Airbus profite de l'amélioration des rapports entre la Chine et l'Europe

Airbus profite de l'amélioration des rapports entre la Chine et l'Europe - -

Le contrat décroché ce 30 août par Airbus avec la Chine serait, en fait, le fruit d'intenses négociations autour d'un assouplissement sur la taxe carbone.

La défiance de la Chine envers l’Europe et sa taxe carbone a laissé place à un certain pragmatisme qu’on lui connaît mieux. En signant jeudi un contrat avec Airbus, pour 50 appareils et quatre milliards de dollars, la banque d’Etat chinoise ICBC y trouve, en effet, largement son compte.
Même si rien n’a encore officiellement filtré sur les coulisses de cet accord, il semble probable que Bruxelles et Pékin aient décidé de mettre chacun un peu d’eau dans leur vin. L'Union européenne en se montrant un peu moins rigide qu’à son habitude, et la Chine en faisant un pas vers une écologie qu’elle combattait farouchement jusque-là.

Les relations entre Bruxelles et Pékin se réchauffent

Le contrat passé avec l’avionneur européen serait en fait la première étape d’un processus entamé il y a quelques mois. "Déjà, en avril 2012, la Chine faisait part de son intention de mettre en place une taxe carbone à l’intérieur de ses frontières", avance Maïté Jaureguy-Naudin, directrice du Centre Energie de l’Institut français des relations internationales (Ifri). "En dehors des accords commerciaux qui peuvent exister autour de ce contrat, les Chinois ont pu recevoir des signaux laissant à penser qu’ils pourraient être exemptés de taxe carbone en Europe". Au final, les avions chinois pourraient être autorisés à effectuer leurs mouvements en Europe sans s’acquitter de ladite taxe, si la Chine prend des mesures pour réduire sa consommation de gaz à effet de serre.

Le commerce plus fort que la politique

Gérard Feltzer, ancien pilote devenu expert en aéronautique, ne dit pas autre chose : "En coulisse, l’UE et la Chine ont dû négocier. Chacun a fait un pas de son côté. La Chine lance un signal fort pour l’environnement, quand Bruxelles assouplit sa position". Et au-delà des considérations politiques, la logique financière a repris le dessus. "Il n’est pas bon pour la Chine de dépendre exclusivement de Boeing, car il leur est alors impossible de négocier les prix. Et lancer une guerre économique avec l’Europe n’arrangerait les affaires de personne".

Au final, les positions politiques n’auraient donc été qu’une façade pour se livrer à d’âpres négociations financières. Avec comme principal bénéficiaire Airbus, qui conclut en beauté sa folle semaine, après une commande de 54 appareils de la part de Philippine Airlines. Ironie de l’Histoire, ces deux contrats interviennent alors que Manille se trouve au centre d’un différend diplomatique avec… la Chine.

Yann Duvert