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Lustucru répond aux accusations de maltraitance des poules pondant ses oeufs

Lustucru promet de "suspendre tout approvisionnement auprès des oeufs Geslin".

Lustucru promet de "suspendre tout approvisionnement auprès des oeufs Geslin". - Jeff Pachoud - AFP

Accusée de se fournir auprès d'un élevage de poules dont une association de défense des animaux dénonce les méthodes, le numéro un des pâtes alimentaires en France a confié un audit à la société Bureau Veritas et suspendu ses approvisionnements dans l'attente des résultats.

Les plus anciens se souviennent sans doute du slogan du numéro un français des pâtes alimentaires apparu au milieu des années 70: "y a pas d'œufs fêlés chez Lustucru". Quarante ans plus tard, la marque se voit contrainte de défendre son engagement publicitaire d'antan. Accusée de se fournir auprès d'un élevage de poules maltraitant ses animaux, la marque française, propriété du groupe Panzani a plutôt vite réagi. Il faut dire qu'elle était déjà visée par des pétitions et des appels au boycott sur les réseaux sociaux. 

Lustucru a donc annoncé son intention de "réaliser immédiatement un audit sur les conditions d'élevage de la société Geslin (propriétaire de l'élevage incriminé, ndlr), confié à la société Bureau Veritas". Le numéro un des pâtes alimentaires en France promet aussi de "suspendre tout approvisionnement auprès des œufs Geslin dans l'attente des résultats" de cet audit. Et ce, quand bien même elle a "la certitude que nous n'avons jamais reçu de produit de l'élevage en question". D'ailleurs sa maison-mère promet, par la voix d'Antonio Fortunato, directeur financier du groupe Panzani que "la société Lustucru frais va porter plainte pour diffusion de fausses informations".

Un succès pour L214

La réponse de Lustucru est néanmoins un succès pour l'association de défense des animaux L214. C'est elle qui a jeté un pavé dans la mare en publiant une vidéo filmée dans la ferme vendéenne de Geslin. Dans cet élevage en batterie qui détient 160.00 poules en cages, l'association racontait avoir vu "des animaux dans un état déplorable et des conditions sanitaires exécrables", des poules "extrêmement déplumées, des parasites grouillant sur les œufs, des poules blessées dans un état dramatique, des cadavres dans les cages, bloquant la circulation des œufs".

Et cette fois, L214 ne mettait pas en cause l'éleveur, mais son donneur d'ordre, le groupe Panzani donc, et sa marque Lustucru. Dans son communiqué, l'association l'exhortait à "s'engager à exclure les œufs de poules en cage de leur produits alimentaires".

Foule de promesses des industriels

Cette nouvelle campagne de L214 intervient quelques mois après l'annonce par la filière française des poules pondeuses d'un objectif ambitieux: faire baisser l'élevage en cage en atteignant 50% d'élevage en plein air ou labellisé "bio" d'ici 2022. L'interprofession de l'œuf estime à 500 millions d'euros le montant des investissements nécessaires en cinq ans pour moderniser les élevages et ainsi tenir cet objectif, dont une participation de 100 millions d'euros demandée à ses clients, la grande distribution.

Dans le même temps, plusieurs acteurs majeurs de la grande distribution, comme Système U, Lidl, Monoprix ou Intermarché, ont annoncé leur vœu d'aller encore plus loin en n'utilisant plus d'œufs issus de poules élevées en cages d'ici 2020. Un objectif impossible à tenir dans ce délai, estiment cependant les producteurs d'œufs, qui considèrent que la grande distribution devra peut-être demain se fournir à l'étranger pour tenir ses promesses aux consommateurs.

N.G.