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Macron défend les sauvetages de Vallourec et d'Areva

Emmanuel Macron assure que les recapitalisations de Vallourec et d'Areva étaient nécessaires

Emmanuel Macron assure que les recapitalisations de Vallourec et d'Areva étaient nécessaires - Éric Piermont - AFP

Le ministre de l'Économie revient dans un entretien au Figaro sur l'intervention de l'exécutif pour remettre d'aplomb les deux géants de l'industrie et évoque sa vision de l'État actionnaire.

Avec les récents sauvetages d'Areva et Vallourec, l'État actionnaire peut ressembler à un pompier qui vole au secours de géant industriels fragilisés. Dans un long entretien au Figaro, le ministre de l'Économie Emmanuel Macron revient sur la recapitalisation de ces deux géants et livre sa vision de l'État actionnaire.

> Sur Vallourec

Emmanuel Macron rappelle que le groupe fait face à "une double crise", celle du secteur pétrolier qui "provoque un effondrement de ses commandes" et celle "de la sidérurgie européenne, confrontée à des pratiques chinoises de dumping intolérables". L'État a donc appuyé la réorganisation du groupe pour que celui puisse faire face à cette conjoncture dégradée, en participant à l'augmentation de capital de 1 milliard d'euros, à hauteur de 300 millions via Bpifrance.

Interrogé sur le fait que l'État participe de fait à une opération qui va conduire à un millier de suppressions de postes, Emmanuel Macron se défend: "personne ne comprendrait que nous ne participions pas à cette opération".

"Si nous empêchions aujourd'hui Vallourec de mener cette restructuration, nous le condamnerions. Ce ne sont pas deux laminoirs qui fermeraient en France, mais potentiellement tout le groupe!", argue-t-il. Il assure néanmoins que l'État restera "exigeant pour minimiser les départs contraints". En filigrane, il pointe du doigt la responsabilité de la direction affirmant que "la réaction de l'entreprise à ses difficultés a été tardive".

> Sur Areva

Concernant Areva, où la recapitalisation atteint cette fois 5 milliards d'euros, il "affirme avoir "ouvert ce dossier en 2014, quand il est apparu que la réalité n'était pas celle que l'entreprise, constante dans son optimisme, nous indiquait". 

"Nous avons donc décidé de clarifier la gouvernance de la filière nucléaire. Cela a été brutal: la vérité des prix a été faite, et cela a fait très mal. Mais si nous ne l'avions pas fait à ce moment-là, le groupe serait à plat aujourd'hui", a-t-il assuré. Il explique également espérer ouvrir la recapitalisation de 5 milliards d'euros à "d'autres investisseurs".

> Sur EDF

Interrogé sur la pertinence de l'investissement du groupe dans les deux EPR au Royaume-Uni, Emmanuel Macron indique que l'État considère que ce projet ne fait à ce stade "pas courir à l'entreprise de risque inconsidéré au plan industriel et financier".

"C'est un beau projet qui fera travailler toute la filière nucléaire française et signera son renouveau, et je ne comprends pas l'attitude de certains qui par leurs critiques le décrédibilisent. Ne marquons pas de but contre notre propre camp!", affirme-t-il.

> Sur le rôle de l'État actionnaire

Clairement Emmanuel Macron veut un État actionnaire dynamique. "Certains de mes prédécesseurs ont pensé que l'État n'avait aucun rôle à jouer, ce qui peut expliquer la langueur de la gouvernance telle que je l'ai trouvée chez Renault ou encore la situation de la filière nucléaire par exemple", considère-t-il. Au contraire Emmanuel Macron vante, lui, un "État stratège".

"L'État ne doit pas être un actionnaire imprévisible et arbitraire, ni un actionnaire interventionniste et brutal, ni, enfin, un actionnaire complaisant dont le rôle se bornerait à nommer des copains à la tête des entreprises", développe-t-il.

> Sur la réforme dans les entreprises publiques

Le ministre de l'Économie finit par assurer que "les entreprises publiques doivent engager "une transformation profonde de leur modèle fondé sur un consensus d'après-guerre qui ne tient plus". "Il faut moderniser le cadre de leur activité et s'adapter à un monde nouveau et à une concurrence nouvelle", ajoute-t-il. Emmanuel Macron reconnaît toutefois que certains groupes y arrivent déjà très bien, citant La Poste.

J.M.