Pourquoi les magasins Virgin ont fait faillite
Triste fin pour les magasins Virgin. Comme attendu, le comité d'entreprise a examiné lundi 7 janvier le dépôt de bilan proposé par la direction.
La chaîne de magasins a été victime d'une chute de ses ventes, qui ont reculé de 37% en cinq ans (cf. ci-contre). C'est en particulier les produits culturels qui ont le plus souffert. Par exemple, en 2011, la vente de jeux a reculé de 18%, celle de DVD de 19%, celle de musique de 15%, et celle de livres de 5%. Face à cela, la direction avait tenté de se relancer via la vente de papeterie ou d'accessoires, mais cela n'a pas permis de compenser le recul global.
En outre, depuis la vente par Lagardère au fonds Butler Capital Partners (BCP) en 2008, plusieurs magasins ont été fermés, les effectifs ont été réduits d'un tiers, des actifs ont été vendus comme le Furet du Nord (pour 11,4 millions d'euros), mais tout cela n'a pas suffit.
Le boulet de la dette
Car il faut dire que, lors de leur vente, les magasins étaient lestés d'une dette importante qu'ils ont traînée depuis comme un boulet. Les comptes font apparaître une dette financière d'environ 50 millions d'euros lors du rachat. Dans le Monde, BCP évoque même une dette de 80 millions d'euros avant le rachat. Autrement dit, Lagardère a refilé à l'acquéreur la dette que supportaient les magasins.
Ce montage a permis à BCP de ne pas débourser beaucoup de cash dans ce rachat. Lors de la vente, Lagardère n'a reçu que 16 millions d'euros en cash: 33 millions d'euros pour les actions et la marque, desquels il faut déduire 14 millions de trésorerie laissés dans les caisses de Virgin Stores, et 3 millions d'euros reversés pour garder 20% des magasins Virgin. En outre, Lagardère a alors accordé aux magasins un prêt 5,5 millions d'euros, et souscrit pour 2,875 millions d'euros d'obligations convertibles en actions. Le groupe d'Arnaud Lagardère détient d'ailleurs toujours ces 20%, ainsi qu'un siège au conseil de surveillance.
Après cet apport initial, BCP remettra au pot peu d'argent: 4 millions d'euros en 2011, puis 2,5 millions en 2012, soit au total 16,5 millions d'euros.
Au total, si l'on ajoute la valeur des actions et la dette, la valeur de l'entreprise lors du rachat était de 76,4 millions d'euros, selon les comptes de Lagardère. Le groupe d'Arnaud Lagardère n'a donc pas fait une très bonne affaire: en effet, il avait racheté les magasins au groupe britannique Virgin en 2001 pour "moins de 150 millions d'euros en cash".
A noter que les magasins Virgin détiennent aussi 100% du site de téléchargement Virgin Mega, après avoir racheté en 2011 les 49% détenus par Lagardère pour 1 euro symbolique.
Interrogé, le groupe d'Arnaud Lagardère précise que la valeur des 20% toujours détenus dans les magasins Virgin est désormais dépréciée à zéro.
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