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Malgré la crise, la culture attire toujours les jeunes

Joanna a lancé un réseau social spécialisé dans le cinéma indépendant

Joanna a lancé un réseau social spécialisé dans le cinéma indépendant - -

La culture subit de plein fouet la crise, plus que d'autres secteurs. Mais cela ne décourage pas les vocations. Témoignages.

Joanna, 27 ans, créatrice de start up

"Pendant mes études à Polytechnique, j’ai commencé à réaliser des court-métrages, comme on joue de la musique ou on fait du sport. Mais peu à peu, le cinéma est devenu pour moi quelque chose de beaucoup plus sérieux. J’ai continué à faire des films en parallèle de mes études, puis de mon travail d'ingénieure et ensuite de consultante. Je continue toujours à écrire et tourner avec les moyens à ma disposition.

En découvrant le milieu du cinéma indépendant parisien, j’ai vite été confrontée à un certain nombre de problèmes. J’ai alors décidé de monter un projet de start up, qui peut être définie comme un croisement entre un réseau social spécialisé et une boîte de production collaborative. Ce projet est probablement aussi pour moi un moyen de me rapprocher du cinéma… même si l’énergie que je mets dedans me laisse peu de temps pour faire des films.

J’ai conscience d’avoir choisi un chemin un peu difficile, mais au moins, je fais ce dont j’ai envie".

Anthony, 25 ans, comédien

"Je veux devenir acteur depuis que je suis tout petit. J’ai bien fait un BTS de commerce, et reçu plusieurs offres de commercial en CDI, mais l’envie d’être acteur a été la plus forte.

D’autant que j’ai des premiers résultats encourageants. En sortant du cours Florent, j’ai passé un premier casting, et j’ai été pris : c’était une pièce de théâtre, Séjour dans les Hamptons, de Myriam Grenet, que j’ai jouée 55 fois au théâtre Clavel puis au théâtre de la Reine Blanche.

Hélas, jouer ne me permet pas de vivre, loin de là. La pièce m’a rapporté à peine 500 euros. Je complète donc mes revenus avec en étant hôte d’accueil et en jouant au poker. Le poker m’a rapporté environ 2.000 euros par mois, nets d’impôts qui plus est! A cela s’ajoute une aide de mes parents, mais ceux-ci s’inquiètent de la voie que j’ai choisie, et ne m’aideront pas éternellement.

Mais je me suis donné jusqu’à 30 ans pour percer. Je veux tout tenter avant d’abandonner. Sinon, j’aurai des regrets et je penserai être passé à côté de ma vie. Je pense que celui qui n’y arrive pas est celui qui n’essaye pas".

Arnaud, 27 ans, contrôleur de gestion chez UGC

"Je ne savais pas vraiment quel métier faire, donc je repoussais toujours la question à plus tard. Mais mon père et mon frère sont ingénieurs, j’avais de bonnes notes en maths, donc je me suis naturellement orienté vers une école d’ingénieur, l’Enseeiht, puis vers une société de services informatiques.

Mais je voulais faire ce que j’appelle un métier passion, c’est-à-dire une profession où l’on vit à plein son métier. Le cinéma en était un. Tout petit, j’avais baigné dans les films amateurs réalisés par mon grand père. Ensuite, dans mon école d’ingénieur, j’ai réalisé des courts métrages amateurs. Mais je n’avais aucune relation dans le secteur.

J’ai alors fait un master spécialisé à l’Essec, où un des intervenants est Vincent Grimond, dirigeant de la société de production Wild Bunch. J’ai postulé pour un stage en contrôle de gestion, puis j’ai été pris en CDD.

Je ne regrette pas du tout d’avoir abandonné la carrière d’ingénieur. J’ai découvert des cinématographies auxquels je ne m’intéressais pas avant. Sans compter l’aspect festif du 7ème Art…"

Jean-Sebastien, 34 ans, chef de projet marketing international chez Mercury Records

"Je m’intéresse à la musique depuis l’âge de 12 ans, j’ai monté quelques groupes quand j’étais adolescent, et j’ai décidé de travaillé dans ce secteur vers 15-16 ans.

Après le bac, j’étais lassé des études et je voulais me mettre à travailler. Je pensais qu’il était possible de réussir dans la musique sans études supérieures -c’est d’ailleurs un des rares secteurs où cela est possible. J’ai donc arrêté mes études -au grand désespoir de mes parents-, et j’ai essayé de percer dans la musique. Mais je ne connaissais personne dans ce secteur, et j’ai donc tissé pas à pas des relations dans le milieu. Mais cela avançait lentement. Dans l’intervalle, j’ai multiplié les petits boulots : intérimaire, manutentionnaire… Mais je ne me décourageais pas, je voulais réussir par tous les moyens. Finalement, au bout de cinq ans, j’ai croisé Pascal Nègre [Ndlr: patron d'Universal Music pour la France], qui m’a embauché comme chauffeur, puis comme assistant de direction. J’ai ensuite décroché un poste de chef de projet marketing au sein de la filiale française d’Universal Music.

C’était un peu comme si je repartais de zéro. Mais, au final, je n’ai aucun regret. Certes, il y a peu d’élus, mais il faut s’accrocher à ses rêves, sans jamais désespérer".

Jamal Henni