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Transports

Mesures antiterroristes: les compagnies aériennes tirent la sonnette d'alarme

Les aéroports parisiens ont notamment connu d'importants embouteillages

Les aéroports parisiens ont notamment connu d'importants embouteillages - Éric Fefferberg - AFP

Plusieurs associations de compagnies aériennes ont écrit aux ministres européens de l'Intérieur et de la Justice pour les informer que le renforcement des contrôles aux frontières dans les aéroports perturbe gravement leur activité. Elles réclament le recrutement de policiers pour réduire le temps d'attente des passagers.

Dans les aéroports, les embouteillages aux contrôles des frontières ont été gargantuesques. Au point que plusieurs patrons de compagnies françaises s'en étaient plaints. Fin juin, Marc Rochet, le président d'Air Caraïbes évoquait ainsi "320 heures de retards pour l'ensemble des vols internationaux" au départ d'Orly-Sud. Celui d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac lui avait emboîté le pas, déclarant à l'agence Reuters que "les temps d'attentes aux contrôles de police sont très, très longs, parfois plus d'une heure et demie à Roissy et au-delà de deux heures à Orly".

En cause: les sous-effectifs de la police aux frontières alors que l'été représente évidemment un pic de trafic dans les aéroports. Surtout, ces contrôles ont été nettement renforcés depuis l'application du règlement européen 458/2017 du 15 mars dernier, destiné à prévenir les "menaces pour la sécurité intérieure et l'ordre public" et notamment le terrorisme.

Contraintes de s'adapter à cette nouvelle donne, plusieurs associations regroupant les compagnies aériennes, dont l'IATA, qui rassemble pas moins de 240 groupes, ont écrit une lettre pour tirer la sonnette d'alarme. Dans cette missive, adressée le 24 août dernier à l'attention des ministres de l'Intérieur et de la Justice de l'Union européenne, elles expriment ainsi leurs "grandes inquiétudes quant à la mise en œuvre chaotique de" cette réglementation. Et appelle les États membres à prendre "toutes les mesures nécessaires pour minimiser les inconvénients causés aux citoyens européens, et préserver les correspondance dans les aéroports 'hub' de l'Union européenne".

Doublement du nombre d'avions en retard

Les compagnies chiffrent l'impact sur leur trafic de façon très détaillée. Ainsi, selon elles, les retards d'avion dus aux contrôles aux frontières ont augmenté de 97% entre avril et juin (par rapport à la même période de 2016). 319 millions de passagers, soit la moitié du trafic transitant par les aéroports européens, seraient impactés par la réglementation.

"Selon nos observations, les nouvelles mesure de sécurité augmentent le temps passé aux contrôles des frontières d'approximativement 20 secondes par passager. Ce qui signifie qu'en moyenne, une heure de plus est nécessaire pour mettre en place chaque vol", poursuit la lettre.

Les associations continuent en affirmant que ces délais ont amené 5% des passagers à manquer leur correspondance lorsqu'ils sont en transit en aéroport. Sur ce point elles soulignent que les compagnies n'ont alors d'autres choix que de transférer les passagers sur les prochains vols sans coût supplémentaire. Ce qui, outre les problèmes logistiques, les expose à des réclamations d'indemnisation.

L'aéroport d'Orly au sud de Paris est, selon les compagnies, particulièrement affecté avec de temps d'attentes plus long d'une heure durant "environ 40% de la journée", ces derniers mois.

Les associations dénoncent dès lors une situation "devenue intenable qui est même en train d'impacter l'attractivité des aéroports européens". Et invitent les États membres à prendre les mesures adéquates pour augmenter le nombre d'officiers aux frontières aéroportuaires. "Il est essentiel que les ressources humaines adéquates soient allouées par les États membres", affirment-elles.

J.M.