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Météo: le mauvais temps peut faire perdre jusqu'à 10% du chiffre d'affaires

Pour Jean-Louis Bertrand, La météo doit devenir une problématique prise en compte par les chefs d'entreprise.

Pour Jean-Louis Bertrand, La météo doit devenir une problématique prise en compte par les chefs d'entreprise. - -

La France reste confrontée à une météo peu clémente pour un mois de mai. Jean-Louis Bertrand, professeur de Finance et directeur du développement de Meteoprotect, explique pour BFMBusiness les conséquences pour les entreprises.

Le mauvais temps qui s'abat sur la France, ce printemps, n'est pas mauvais uniquement pour le moral. Il a aussi des conséquences sur l'économie et les dépenses des ménages.

Ainsi, mardi 21 mai, RTE, filiale d'ERDF chargée du réseau à haute tension, a expliqué qu'en raison des "conditions météos 4 à 5 degrés en dessous de ce qu'elles devraient être", la consommation d'électricité en France, est supérieure à la norme de 5 à 10%. Cet accroissement est à 80% lié aux moyens de chauffage électrique. A cela s'ajoute la faible luminosité en fin de journée, qui pousse les Français à allumer l'éclairage. Et la situation dure depuis au moins dix jours.

Jean-Louis Bertrand, professeur de Finance et directeur du développement de Meteoprotect, explique que ces factures de chauffage plus lourdes vont avoir des répercussions sur les autres postes de dépenses. Interviewé par BFMbusiness.com, il détaille les conséquences de ce mauvais temps pour les entreprises.

> Quelles entreprises sont touchées par ce mauvais temps?

Le secteur du textile et de l'habillement, très sensible à la période été-printemps, souffre en ce moment de cette anomalie météorologique de longue durée. Lorsque le mauvais temps ne dure pas longtemps, des phénomènes de compensation entrent en jeu: on va rattraper ce qu'on n'a pu vendre au début de la période. Ce n'est pas le cas ici.

De plus, comme les stocks s'accumulent, on risque d'avoir des soldes conséquentes, avec des pertes de marges pour les entreprises. Le problème est le même pour les grandes surfaces, avec les salons de jardin. Si la période estivale ne dure que deux mois, les clients ne vont pas vouloir payer un prix élevé pour les acquérir.

Ensuite il y a les ventes qui ne sont pas reportées. Cela concerne particulièrement les restaurants, l'hôtellerie et les parcs d'attractions. On l'a vu sur tous les ponts du mois de mai. On ne sort pas, on ne consomme pas, on ne va pas à la plage, ce qui représente des pertes de chiffres d'affaires.

Les agriculteurs et les producteurs de fruits et légumes sont également très impactés. Ils doivent par exemple utiliser du chauffage dans les serres pour maintenir la température à 18 degrés.

> Quel est l'impact de ce mauvais temps pour le PIB?

Pour le moment, nous n'avons pas encore pu évaluer les retombées car il y a des retraitements à effectuer. En effet, les dépenses supplémentaires en chauffage contribuent au PIB et compensent certaines pertes.

En revanche on sait qu'en mai, dans le domaine du textile, un dégré en moins sur le mois, par rapport à la norme prévue par l'entreprise, représente une baisse de 3 à 5% de chiffre d'affaires, selon la localisation du commerce en France.

On est sur des ordres de grandeur similaire, de -3 à -7% pour le secteur de la boisson, et la fourchette monte entre -8 et -10% pour l'hôtellerie.

> Quels sont vos conseils pour les entreprises?

La météo doit devenir une problématique prise en compte par les chefs d'entreprise. Il faut qu'il y ait un changement de mentalité. On sait aujourd'hui combien l'économie est dépendante du temps qu'il fait, que celui-ci peut vous priver d'une grande partie de vos recettes. Il faut donc que les chefs d'entreprise adoptent une attitude de gestionnaire, qu'ils fassent un suivi longitudinal, semaine par semaine, pour évaluer l'impact financier sur leur chiffres d'affaires.

Ne pas prévoir c'est faillir à son métier de chef d'entreprise. Et si une anomalie météorologique dure, ils doivent être capables de payer leurs salaires et leurs frais fixes. Car des solutions existent, comme l'assurance-météo.

Rappelons qu'Henri Fayol, un ingénieur français du XIXe siècle, est enseigné dans toutes les business schools américaines. Sa théorie: "PODC" pour "prévoir, organiser, diriger, contrôler". Ces épisodes météorologiques doivent servir de déclencheur.

Propos recueillis par Julien Marion