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Michel-Édouard Leclerc: "On va créer 10.000 emplois, dont 91% en CDI"

Michel-Édouard Leclerc était l'invité de Stéphane Soumier dans Good Morning Business ce lundi.

Michel-Édouard Leclerc était l'invité de Stéphane Soumier dans Good Morning Business ce lundi. - BFM Business

Le PDG de Leclerc a annoncé que la guerre des prix des distributeurs ne pourrait pas aller beaucoup plus loin, sur BFM Business ce lundi. La course se joue aujourd'hui sur l'innovation et le digital, avec des créations d'emplois à la clé.

Leclerc change de combat. L'inflation stagne, donc ce n'est plus sur les prix que l'un des leaders de la distribution en France compte creuser l'écart avec ses concurrents, mais sur le digital, a expliqué ce lundi son PDG sur BFM Business.

Pour Michel-Édouard Leclerc, les distributeurs se retrouvent dans une situation similaire à celle des banques "quand les taux d'intérêt deviennent négatifs". En d'autres termes, alors que les distributeurs vont entamer leur cycle de négociation avec les industriels, "les prix ne vont pas beaucoup baisser". Et "les salaires ne vont pas non plus augmenter", estime MEL qui évoque "le risque d'une spirale déflationniste".

Créer de la valeur plutôt que casser les prix

Du coup, le PDG de Leclerc qui a longtemps dénoncé les abus des industriels sur les marges change complètement de discours aujourd'hui. "Tout le climat polémique qui n'est que français autour de ces relations industriels-commerces pourrit la vie", affirme-t-il.

MEL se présente désormais comme le partenaire des producteurs et des transformateurs: "Ce qu'il faut faire, c'est donner l'occasion aux producteurs et aux industriels de créer d'autres sources de valeur, de pouvoir repositionner leurs produits par des critères de qualité, par une segmentation, par un marketing plus élaboré. C'est ce que nous avons commencé à faire, par exemple en répondant favorablement à la fédération nationale bovine qui nous demandait de ne pas payer le même prix une race à viande et une race laitière".

Les industriels, les grands copains de MEL

En somme, "nous sommes alliés objectifs des industriels pour chercher de nouvelles sources de valeur, créer de la valeur, pour créer des produits qui justifient qu'ils soient plus chers". "Certes, quand Jean-Paul Agon dit qu'il faut qu'il renouvelle 10% de la gamme L'Oréal chaque année pour proposer des produits plus innovants, probablement qu'il accélère l'obsolescence des produits qu'il créé". Mais pour le distributeur, c'est tout bénéf', reconnaît le PDG de Leclerc: "J'ai plus d'intérêt à vendre un beurre de qualité qu'un beurre premier prix, ne serait-ce que d'un point de vue capitalistique, je prends plus de marge sur le beurre de qualité".

Si Leclerc ne compte pas casser davantage les prix, c'est sur la qualité de son service qu'il compte creuser l'écart avec ses concurrents. Un service en pleine révolution digitale. "Internet structure complètement maintenant la relation client. Souvent, quand le consommateur vient en magasin, il connaît mieux le produit qu'un vendeur pourtant bien formé". Avec comme conséquence "un nouvel enjeu de formation, d'embauche et d'expertise de l'offre. On ne peut plus être généraliste".

Le numérique crée des emplois

Pour prendre ce train, Leclerc a annoncé un rythme de recrutement multiplié par trois. "Nous allons créer 10.000 emplois nets, dont 91% en CDI". Surprenant au moment où l'on lit beaucoup que le numérique détruit des emplois. Au contraire, pour MEL, cette révolution est créatrice de travail et de valeur: "Il y a des tonnes de start-up qui naissent, qui achètent, qui font des places de marché, et livrent à domicile. Il y en a des milliers. Je ne sais pas combien resteront à la fin. Mais cela crée des emplois, ça booste des offres". Et dans sa propre entreprise, "Leclerc.com, c'est 2,6 milliards de chiffre d'affaires, 6% du chiffres d'affaires total".

À quoi vont servir ces emplois? Pour partie, Leclerc va recruter des ingénieurs "pour construire la relation avec le client, des sites, des portails. Sinon on va se les faire fourguer par des vendeurs de tuyaux et on ne maîtrisera rien".

Des livraisons dans les parkings

Une autre part de ces recrutements servira à rendre l'hypermarché physique "plus attractif et incontournable". Pour cela, "on embauche en expertise, des bouchers, des pharmaciens, des libraires. Pour qu'Amazon, même s'il a le stock, ne puisse pas rivaliser sur le conseil et la qualité de l'accueil".

Enfin, les dernières embauches serviront à révolutionner encore un peu plus la livraison des courses faites sur internet. Leclerc va notamment recruter dans ses 'drive' qui cartonnent. "On en a ouvert 600 en 6 ans, c'est un succès formidable (…) On fait plus de 51% de parts de marché sur le drive". Et puis pour solutionner les problèmes du coût de la livraison à domicile. "Le dernier kilomètre coûte très cher. Monter les 7 étages, aller apporter des colis, alors que la marge est très faible sur l'eau minérale, le papier toilette et la bière". Ainsi, "aujourd'hui, on va livrer dans des box, des points relais, des parkings. Des salariés des centres Leclerc au siège prennent leur livraison dans le parking du magasin".

N.G.