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Mobile: la fin des zones blanches coûtera-t-elle chère aux opérateurs?

Les quatre opérateurs devront couvrir d'ici la fin 2016 l'ensemble des centres-villes qui sont encore totalement dépourvus de service de téléphone mobile.

Les quatre opérateurs devront couvrir d'ici la fin 2016 l'ensemble des centres-villes qui sont encore totalement dépourvus de service de téléphone mobile. - Loic Venance-AFP

Les quatre opérateurs mobiles devront co-investir pour offrir la 3G à 2.200 communes non couvertes d'ici 2017. En échange, ils n'auront plus à payer pour les cabines téléphoniques qui disparaîtront.

Une fois n'est pas coutume, les quatre opérateurs mobiles se sont mis d'accord pour assurer un meilleur service aux oubliés des réseaux 2G et 3G.

Pour le gouvernement, c'est un succès puisqu'il souhaitait éradiquer les zones blanches, à très brève échéance.

Réunis à Bercy sous l'égide d'Emmanuel Macron, les quatre opérateurs se sont engagés à couvrir l’ensemble des "centres-bourgs" des communes qui ne disposent, à ce jour, d’aucun service de téléphonie mobile d’ici la fin 2016, 24 ans après ses débuts en France ! Ils avaient déjà été convoqués par le ministre une première fois le 24 avril 2015 mais n'étaient pas parvenus à un accord.

L'accord finalement signé implique aussi que les opérateurs apportent un service d’accès mobile à internet (3G) aux 2.200 communes aujourd’hui non couvertes avant la mi-2017.

Pour éviter que les opérateurs ne tergiversent trop ou retardent ces échéances, Bercy rappelle que l'Arcep disposera d’un pouvoir de sanction en cas de non-respect des objectifs par les opérateurs.

Une facture qui s'élèverait à 40 millions d'euros

Reste désormais aux opérateurs mobiles à passer à l'action alors qu'il s'agit de zones géographiques non rentables, d'où leur peu d'empressement à y investir !

Concernant le financement, "C'est d'abord celui des opérateurs, l'entretien ce sont les opérateurs. Les financements complémentaires pour les zones blanches hors centre-bourg, l'Etat les cofinancera avec les collectivités territoriales" avait rappelé Emmanuel Macron, lors des débats au Sénat sur son projet de loi.

Selon le quotidien économique Les Echos, la facture totale liée à la couverture en réseau mobile des zones blanches pourrait atteindre 40 millions d'euros pour les quatre opérateurs.

Concernant des zones peu ou pas rentables, où il est peu probable que chacun investisse séparément, ils ont plusieurs options à leur disposition pour mutualiser leurs investissements et diminuer ainsi les coûts leur incombant. 

Les opérateurs mutualiseront-ils leur investissement ?

"Des accords d'itinérance locale peuvent parfaitement être conclus, permettant à un opérateur d'utiliser les antennes-relais d'un autre qui aurait réalisé l'investissement" explique t-on à l'Arcep. Dans ce cas, les opérateurs "hébergés" reversent à l'opérateur "hôte" une redevance mais cela permet à tous les abonnés de la zone de bénéficier d'un accès mobile, comme c'est le cas entre Orange et Free pour la 3G.

Les autres possibilités de mutualisation concernent le partage d'installation passives (bâtiments, pylônes, mâts) sur un site ou le partage de réseau.

Compte tenu de son statut d'opérateur national historique, Orange devrait être le premier investisseur, loin devant ses trois rivaux. Stéphane Richard avait affiché une posture très volontariste à l'aube de la première réunion qui, fin avril 2015, avait mis les quatre opérateurs autour d'une table à Bercy: "On est prêt à prendre en charge ce nouveau programme de couverture, seul s'il le faut".

L'engagement des opérateurs ne porte que sur les centre-villes des zones blanches. Au-delà de ces centres-bourgs, les zones qui restent blanches pourront faire l'objet d'une demande devant un guichet, que l'Etat organise, de l'ensemble des collectivités territoriales concernées.

Le coût des cabines téléphonique: 12,3 millions d'euros en 2014

"Pour les financements complémentaires pour les zones blanches hors centre-bourg, l'Etat les cofinancera avec les collectivités territoriales" s'était engagé Emmanuel Macron, devant le Sénat.

Pour les quatre opérateurs mobiles, leur engagement vis à vis des zones blanches a pour contrepartie, la suppression progressive des cabines téléphoniques remplacées par la couverture mobile 2G totale du territoire prévue en 2016.

Les trois opérateurs privés verront ainsi s'alléger le coût qu'ils assument au titre du service universel pour les cabines téléphoniques qu'exploite Orange.

En 2014, selon les chiffres de l'Arcep, tous les opérateurs privés fixes et mobiles ont dû cotiser solidairement 12,3 millions d'euros au titre de ces cabines. Mais Free, Bouygues Telecom et SFR-Numericable en assumaient le gros du montant. 

Frédéric Bergé