BFM Business
Culture loisirs

Moins d'un tiers des films français sont rentables

Avec 61 millions d'euros, 'Astérix et Obélix: au service de sa Majesté' est un des films les plus chers jamais produits en France

Avec 61 millions d'euros, 'Astérix et Obélix: au service de sa Majesté' est un des films les plus chers jamais produits en France - -

Selon une étude du CNC, publiée ce 8 janvier, plus des deux tiers des films français perdent de l'argent. Et les productions à très gros budget sont quasiment toutes déficitaires.

La grande majorité des films perd de l'argent. Telle est la conclusion d'une étude menée par le CNC (Centre national du cinéma), "L’économie des films d’initiative française". Un résumé de cette étude figure dans le rapport de René Bonnell paru ce mercredi 8 janvier.

Cette étude avait été commandée il y a un an par la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti. Le CNC l'avait dans un premier temps confiée à un consultant indépendant, Greenwich Consulting, mais ce dernier a quitté le projet l'été dernier. L'étude a finalement été conduite en direct par le CNC.

Bilan globalement négatif

En pratique, l'étude se place du point de vue du producteur du film, et porte sur 619 films sortis entre 2004 et 2007. Verdict: les deux tiers des films ont été déficitaires. La perte totale s'élève à 81 millions d'euros, mais est comblée par les aides automatiques versées ensuite par le CNC au producteur. Le solde de la branche devient alors positif (+132 millions d'euros).

Ces chiffres est moins sévère que les rares études existantes sur le sujet. En 2004, une étude menée par le cabinet Bipe pour le CNC calculait que 12% à 17% des films étaient rentables, puis en 2008, les chercheurs Olivier Bomsel et Cécile Chamaret arrivaient à 12%.

Les grosses machines pointées du doigt

Conclusions de René Bonnell: "la production cinématographique demeure une activité aléatoire, mais non un pari impossible. Cela reste un pari assorti d’une chance sur trois d’engendrer des profits, même si les grosses mises sont les plus fructueuses, mais aussi les plus risquées".

L'ancien patron du cinéma de Canal Plus dénonce les grosses machines à budget élevé: ces films "apparaissent comme les symboles d’une envolée irréaliste des coûts par rapport aux possibilités d’amortissement du marché. On y retrouve beaucoup de films au casting dit commercial et aux réalisateurs à succès. Ils génèrent des résultats positifs aussi rares qu’élevés lors de leur premier cycle d’exploitation. [...] Le point mort grimpe, au point que plusieurs millions d’entrées ne permettent pas toujours au distributeur de rentrer dans ses frais".

René Bonnell pointe du doigt les producteurs de ce type de films: "le destin commercial du film peut rapporter de l’argent, mais en aucun cas en faire perdre au producteur s’il a tenu son devis".

Au final, "cette situation accroît les risques financiers de la place pour l’avantage de quelques uns. Et elle conduit à une appropriation excessive des ressources de la branche".

NB: l'article a été mis à jour pour corriger une erreur d'interprétation

Jamal Henni