Molotov à la recherche d'un acquéreur
Le moment de vérité approche pour Molotov. La start up cherche actuellement de nouveaux actionnaires, et espère aboutir d'ici l'automne.
Initialement, Molotov avait déclaré vouloir lever jusqu'à 50 millions d'euros auprès de fonds d'investissement, mais n'a visiblement pas abouti. La start up crée par Jean-David Blanc (qui détient 39,93% du capital) a ensuite élargi sa recherche à des industriels du secteur. Selon Libération, des discussions ont eu lieu avec le trio TF1, M6 et France Télévisions, mais ont échoué. Selon des sources industrielles, le dossier est actuellement étudié par plusieurs opérateurs télécoms français, dont Orange. En théorie, un autre acquéreur potentiel serait Canal Plus, qui a tenté de lancer un service similaire à Molotov, mais en pratique les rapports entre les deux sociétés sont exécrables (la chaîne cryptée refuse notamment d'être commercialisée par Molotov).
Valorisation élevée
Selon Libération, Molotov demande une valorisation de près de 100 millions d'euros, un montant élevé qui a fait reculer TF1, M6 et France Télévisions. Toutefois, cette valorisation correspond à peu près à la dernière levée de fonds de 2016.
Molotov avait déclaré avoir confié sa recherche d'investisseurs à la banque américaine Raine. Selon la Lettre de l'expansion, un nouveau mandat a ensuite été confié à la banque d'affaires de Jean-Marie Messier. Heureux hasard, J2M est un vieil ami de Stéphane Richard, depuis qu'il a été son patron chez Vivendi. Ces dernières années, le PDG d'Orange lui a confié plusieurs mandats, comme la vente de Dailymotion ou le rachat de Bouygues Télécom.
Succès populaire mais pas financier
Lancé à l'été 2016, Molotov permet de regarder gratuitement les chaînes françaises en direct ou en rattrapage (replay), grâce à des accords que la start up a réussi à nouer avec toutes ces chaînes. Le service a rencontré un indéniable succès, avec 5,5 millions d'utilisateurs réguliers, dont 2,5 millions tous les mois, et 500.000 tous les jours. Il propose aussi des services payants, pour enregistrer des émissions ou accéder à des chaînes thématiques. Ces services payants sont la seule source de revenus de Molotov. Mais, selon l'Opinion, ils comptent seulement 6000 à 7000 abonnés. Or Molotov a déclaré qu'il faudrait 500.000 à 750.000 abonnés payants pour atteindre l'équilibre. La start up (qui emploie 75 personnes) reste donc déficitaire, et aura bientôt consommé la totalité des 32 millions d'euros levés depuis sa création. Fin 2016, les pertes cumulées s'élevaient déjà à 15 millions d'euros.
Procédure en contrefaçon
Pour ne rien arranger, d'autres nuages se sont récemment accumulés au dessus de Molotov. D'abord, les chaînes de télévision gratuites ont décidé d'augmenter substantiellement le prix de leur service de rattrapage, et réclament donc plus d'argent à leurs distributeurs: les opérateurs télécoms, mais aussi Molotov.
Ensuite, M6 refuse désormais que ses chaînes soient proposées gratuitement dans Molotov, et exige qu'elles soient incluses dans les offres payantes -des conditions refusées par la start up. Depuis, Molotov a attaqué devant le tribunal de commerce de Paris M6, qui a riposté en portant plainte pour "contrefaçon" devant le tribunal de grande instance de Paris.
Enfin, et non des moindres, TF1, M6 et France Télévisions viennent de s'allier pour lancer Salto, qui concurrencera en partie Molotov, même si les deux services restent différents (l'un est essentiellement gratuit, l'autre sera payant).
Interrogé, Orange s'est refusé à tout commentaire. De son côté Molotov refuse de donner des précisions.
Les levées de fonds de Molotov
2013
1 million d'euros auprès de JDH (Jean-David Blanc), Pierre Lescure, Jean-Marc Denoual, Kevin Kuipers
2014
9 millions d'euros auprès de Jean-Marc Denoual, Oleg Tscheltzoff, Idinvest, Orefi (Jacques-Antoine Granjon), Jaïna (Marc Simoncini), Dotcorp (Steve Rosenblum), Parness SA*, Do&co (Haïm Dan Ohayon)
2016
22 millions d'euros auprès d'Idinvest, Sky (4 millions d'euros), Chesterfield/Letter One (fonds du Russe Mikhail Fridman), TDF
*société luxembourgeoise dont les administrateurs sont Benjamin Uzan, Patrick Belaich, Fabrice Harari et Gilbert Khayat, et qui est filiale de Heptagon Investments Ltd basé aux îles Vierges britanniques
Source: BFM Business
L'actionnariat de Molotov
Fondateurs: 35%
Fonds d'investissement (Idinvest...): 35%
Industriels (TDF, Sky): 8%
Business angels: 12%
Source: BFM Business
Les résultats de Molotov
Chiffre d'affaires
2015: 0
2016: 79.856 euros
Résultat net
2015: -3,48 millions d'euros
2016: -11,7 millions d'euros
Trésorerie brute
2015: 2,46 millions d'euros
2016: 14,2 millions d'euros
NB: les résultats 2017 n'ont pas encore été approuvés (un sursis a été obtenu jusqu'à fin 2018)
Source: BFM Business