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N'en déplaise à Google, la réalité virtuelle est loin de faire un carton

Si Google a réussi à faire un bon score en distribuant gratuitement son casque en carton, les vendeurs de casques n'ont pas encore réussi à séduire les consommateurs.

Si Google a réussi à faire un bon score en distribuant gratuitement son casque en carton, les vendeurs de casques n'ont pas encore réussi à séduire les consommateurs. - Tobias Schwartz - AFP

La réalité virtuelle devait être une révolution numérique aussi puissante que celle des smartphones. Si Google annonce avoir distribué gratuitement 10 millions de casques, les fabricants de modèles payants n’affichent pas un bilan aussi glorieux.

Amit Singh, vice-président des réalités virtuelle et augmentée de Google, ne cache pas sa joie. Sur le blog de l'entreprise, il annonce que depuis le lancement de son casque de réalité virtuelle en 2014, le groupe californien a séduit 10 millions d’utilisateurs qui ont téléchargé 160 millions d’applications. Un véritable carton pour le patron de l’activité qui a appelé ses équipes à fêter l’événement sur le Mobile World Congress (MWC) de Barcelone.

En revanche, pas un mot sur le chiffre d’affaires généré par cette activité, et pour cause. Le casque en carton est gratuit, tout comme les applications qui sont souvent des démos pour faire découvrir le potentiel de cette innovation. Car la réalité virtuelle est encore loin d’avoir réussi son pari. 

En avril 2016, IDC prédisait à cette technologie un avenir radieux avec 10 millions de casques vendus dès 2016 pour un chiffre d’affaires de 2,3 milliards de dollars. On en est loin, et ce pour trois raisons. Ces appareils sont chers, ils ne sont pas portés par les contenus et surtout, ils causent des troubles similaires au mal des transports.

Les premières baisses de prix

Il y a quelques jours, Sony a annoncé qu’en 6 mois, le groupe avait vendu 915.000 casques Playstation VR (environ 400 euros), grâce à la PS4 qui propose des jeux compatibles. Dans un entretien au New York Times, Andrew House, le patron de cette division, annonçait même être en avance sur les objectifs, qui étaient d’un million de ventes en avril 2017. Mais pour HTC et Facebook, c'est loin d'être aussi bien. Selon le cabinet Superdata Research, le premier a vendu 420.000 casques et Oculus, la start-up que Facebook a payée 2 milliards de dollars en 2014, a peiné pour en vendre 243.000. Ces modèles coûtaient chacun autour de 800 euros. Cette semaine, Oculus a annoncé une baisse du prix, certainement pour écouler les invendus de 2016.

Reste Samsung, qui semble être le seul en s'en être vraiment bien sorti. En janvier dernier, le groupe a annoncé avoir vendu 5 millions de Gear VR. Ce score s’explique en partie par le prix, moins de 100 euros. Mais surtout, le coréen a organisé une opération de promotion en 2016 dans laquelle son casque était offert pour l’achat d’un Galaxy S7.

En offrant un casque en carton à monter soi-même, Google a évidemment fait mieux que tous les autres. Mais le groupe ne donne pas les scores du Daydream View, le casque à 70 euros lancé en petite série en novembre dernier dans cinq pays: États-Unis, Canada, Royaume-Uni, Allemagne et Australie.

Pour Mark Zuckerberg, le marché n'est pas mature

L'échec est-il pour autant définitif pour le marché de la réalité virtuelle? Pas sûr. Le message posté sur son blog montre que Google ne compte pas lâcher l’affaire, que ce secteur a un véritable potentiel. Facebook ne compte pas non plus jeter l’éponge. Mark Zuckerberg a d’ailleurs annoncé en janvier dernier qu’il investirait 3 milliards de dollars sur 10 ans dans sa filiale Oculus. Mais le dirigeant reconnaît que la technologie n’est pas encore assez mature pour convaincre le public. Pour cela, "il va falloir encore 5 à 10 ans", a récemment assuré le fondateur de Facebook.

En attendant, le salut repose sur les professionnels. Pour Deloitte, "la réalité augmentée et la réalité virtuelle ouvrent de nouveaux horizons pour le monde de l’entreprise". Dans l’immobilier, le nucléaire, la sécurité, la formation et les travaux publics, l’usage des casques commence même à se banaliser.

C’est certainement ce qui permettra d’atteindre les prévisions d’IDC. Le cabinet estime qu’en 2020, le marché sera assuré par 65 millions de casques en circulation. Il précise toutefois que ces pronostics n’intègrent pas les ventes d'accessoires à bas coût de type Cardboard.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco