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Entreprises

Ne limitons pas les stages, développons-les !

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M. Sapin a annoncé son intention de limiter le nombre de stagiaires qu’une entreprise peut accueillir. C’est ignorer que le stage pour beaucoup est un moyen de se faire connaître et d’amorcer une relation qui favorise l’insertion sur le marché du travail.

La démarche du gouvernement s’inscrit dans une logique restrictive qui va se retourner contre les jeunes, cela prolonge l’offensive engagée depuis plusieurs années par certaines organisations contre les stages accusés de nuire à l’emploi stable. C’est l’archétype de la mesure qui se retourne contre ses intentions initiales. En France nous souffrons d’un chômage des jeunes élevé (plus de 25%). Pourquoi ? Parce que les entreprises n’ont pas une connaissance assez précise de ce que savent vraiment faire les jeunes au sortir du système scolaire. Résultat, pour mieux appréhender leur compétence, les stages sont utiles. De même, les procédures d’apprentissage. Dans le rapport Gallois il était proposé de porter le nombre d’apprentis de 400 000 à 500 000. Au lieu de favoriser le contact avec les entreprises, on cherche une nouvelle fois à éloigner le monde de la formation de la réalité productive. Cela ne peut que lui nuire.

Y aurait-il d'autres solutions que des stages ?

Le gros problème est la capacité donnée aux entreprises de mesurer les compétences des gens qu’elles embauchent. Une première expérience est souvent demandée dans les offres d’emploi. Un stage tient lieu de première expérience. Quand il n’y a pas d’expérience, il revient à l’entreprise de procéder elle-même à l’évaluation ; elle ne le fera que si elle peut se défaire sans difficulté de quelqu’un qui ne donne pas satisfaction. Concrètement, il faut alléger les procédures de licenciement sur le premier emploi si on refuse les stages et limite l’apprentissage.

Cette protection affichée ne va-t-elle pas dans le sens des attentes des salariés ?

En fait, les économistes analysent notre marché du travail comme divisé en deux blocs : ceux qui ont déjà un emploi et qui veulent se protéger le plus possible que l’on appelle du mot anglais d’insiders ; et ceux qui sont à l’extérieur et qui essaient de trouver un emploi et que l’on appelle les outsiders. Plus les insiders sont protégés par le droit du travail, plus les outsiders sont pénalisés. Les stages jouent en faveur des outsiders et de nouveau le gouvernement se précipite au secours des insiders. Le bilan de cette politique c’est que croissance ou pas, le nombre de chômeurs de longue durée augmente…

Jean-Marc Daniel