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Nest sera-t-il le prochain échec connecté de Google?

Les revenus de Nest sont décevants et les équipes quittent le navire. Des questions se posent sur l'avenir de la start-up rachetée 3,2 milliards de dollars en 2014.

Les revenus de Nest sont décevants et les équipes quittent le navire. Des questions se posent sur l'avenir de la start-up rachetée 3,2 milliards de dollars en 2014. - Justin Sullivan - Getty Images North America/AFP

"Rien ne va plus chez Nest, la filiale domotique de Google. Les ventes de thermostats connectés ne décollent pas pour cette activité qui a déjà coûté près de 5 milliards depuis son rachat, pour un revenu dérisoire."

En janvier, un thermostat connecté made in France donnait déjà des frissons à Google. Depuis quelques jours, le géant du net grelotte en observant Nest, sa filiale domotique dont le catalogue se compose d’objets connectés pour la maison (thermostats, détecteurs de fumée et caméras de surveillance). Depuis le rachat de cette entreprise pour 3,2 milliards de dollars en 2014, le géant américain émet de sérieux doutes sur les chances de succès de cette filiale comme l'a dévoilé le site ReCode.

Au départ, le contrat entre la start-up créée par Tony Fadell et Google/Alphabet était clair. Nest disposait d’un budget de fonctionnement annuel de 500 millions de dollars sur trois ans, soit 1,5 milliard entre 2014 et 2016, pour créer un marché capable de générer un chiffre d’affaires d’au moins 300 millions de dollars dès 2015. Mais si Nest a atteint et même dépassé ce chiffre, ce n’est pas par les ventes de son thermostat ou de son détecteur de fumée, mais grâce à celles de la caméra mise au point par DropCam, une entreprise spécialisée dans la vidéo surveillance que Nest à rachetée en 2014 pour plus d’un demi-million de dollars.

Avec ces résultats décevants, l’ambiance de travail serait devenue invivable dans la filiale au point que, selon Business Insider, 50% des salariés de Dropcam auraient déjà quitté l’entreprise. Et ces départs, parmi lesquels on compte ceux de Greg Duffy et Aamir Virani, les fondateurs de Dropcam, ont mis le feu aux poudres en expliquant que l’erreur qu’ils avaient commise était d’avoir vendu leur entreprise à Nest.

Greg Duffy dévoile les relations tendues avec Tony Fadell, CEO de Nest, qu’il accuse de diriger le groupe comme un "bureaucrate" nuisant ainsi à toutes les possibilités de réussite. En réponse, le patron accuse les équipes de Dropcam d’incompétence en pointant leur manque d’expérience.

Une année décisive pour Nest et pour Google

L’année 2016 est donc décisive pour Nest qui arrive au terme du soutien financier de 500 millions de dollars sur trois ans. Google/Alphabet va donc devoir remettre la main à la poche.

Cette situation est d’autant plus délicate qu’elle jette de nouveaux doutes sur la capacité de Google à mettre au point des appareils. Après l’arrêt des Google Glass dans leur version grand public, puis la vente récente de Boston Dynamics, le concepteur de robots racheté fin 2013, les développements matériels tentés par l’Américain semblent ne pas séduire le public.

Son grand succès matériel reste les Google CardBoard, ces lunettes de réalité virtuelle en carton. Le groupe en a écoulé 5 millions, vendus à 2,55 euros l’unité, soit un chiffre d'affaires de près de 13 millions d'euros. Sa prochaine tentative pour affronter Samsung, Facebook, Sony et même Apple, repose sur un casque VR qui ne nécessiterait ni smartphone, ni PC. Sundar Pichai, CEO de Google, l’a évoqué dans la presse mi-février sans revenir depuis sur ce projet.

Quant au concurrent d'Amazon Echo, sur lequel Google planche depuis des mois, il ne sera finalement pas confié aux équipes de Nest, mais à celles de Google, selon le site The Information. Un message qui en dit long sur la confiance que porte Sundar Pichai à Tony Fadell. Entre eux, la météo n'est plus vraiment au beau fixe.

Pascal Samama