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Nissan qui rachète la part de l'État dans Renault? L'alliance et le gouvernement démentent

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- - Daniel Roland - AFP

Les deux constructeurs qui forment une alliance sont entrés en discussion sur un rapprochement plus étroit, indiquait Reuters ce mercredi, affirmant qu'ils évoquaient notamment la vente par l'État français de ses parts au capital de Renault à Nissan. Des informations démenties par les principaux concernés un peu plus tard.

La fusion de Nissan et Renault, qualifiée par Carlos Ghosn début mars sur BFM Business de "cheminement naturel", feraient l'objet de discussions concrètes entre les deux constructeurs, selon Reuters ce mercredi. Ce renforcement de l'alliance pourrait déboucher sur le rachat par le Japonais des parts de l'État français dans Renault, soulignait l'agence britannique.

L'alliance Renault Nissan Mitsubishi et l'État français ont démenti catégoriquement un peu plus tard ces informations de presse qui ont fait bondir le cours de Bourse du constructeur français.

"Pure spéculation" selon l'alliance

Un porte-parole du ministère de l'Economie et des Finances a "totalement" démenti que "l'Etat français puisse revendre ses parts à Nissan". Tandis que dans un communiqué, l'alliance affirmait que "toute discussion sur une opération d'achat d'actions impliquant Renault, Nissan ou l'État français relève de la pure spéculation".

Reuters indiquait également qu'une autre option était proposée par Carlos Ghosn: que les directions de Renault, Nissan et Mitsubishi soient réunies au sein d'une fondation enregistrée au Pays-Bas, ce qui constituerait une étape vers une fusion pour construire un groupe mondial basé à Amsterdam.

Dans le cas d'une prise d'indépendance vis-à-vis de l'État, premier actionnaire de Renault avec 15% du capital, elle se traduirait "par une perte d'influence de Paris sur Renault et par le fait que le constructeur automobile français renonce à contrôler Nissan", écrit encore Reuters, citant trois sources proches du dossier.

Un projet très sensible politiquement

L'agence britannique précise encore que rien n'est fait. Ce projet, très sensible politiquement, n'aurait pas encore reçu l'aval du gouvernement français dont les émissaires participent aux discussions.

Mais Paris, qui refusait ces dernières années plus d'intégration, semble avoir changé son fusil d'épaule. Alors que Carlos Ghosn entame son dernier mandat à la tête de l'ensemble, le gouvernement, qui souhaite garantir la pérennité du groupe devenu numéro 1 mondial en 2017, plaide désormais pour un renforcement des liens entre les deux constructeurs.

Des sources ont même affirmé à Reuters qu'Emmanuel Macron avait fait savoir via des émissaires à Carlos Ghosn que l'État était prêt à se retirer de Renault ou à vendre ses titres à Nissan, à condition que l'accord de fusion garantisse les intérêts français. "Pour être approuvé par l'État, ce projet devra comporter d'importantes concessions en matière d'emploi, d'investissements, de représentation au conseil, avec peut-être également à la clef une forme d'action spécifique ("golden share") permettant à la France de mettre son veto lors de décisions stratégiques majeures", liste l'agence.

Actuellement, l'alliance entre les deux constructeurs repose sur des participations croisées, Renault détenant un peu plus de 43% de Nissan avec des droits de vote, Nissan 15% de Renault, sans droit de vote.

N.G.