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Nonce Paolini remanie l'état major de TF1

Selon les statuts, Nonce Paolini doit quitter son poste de PDG le 1er avril 2014

Selon les statuts, Nonce Paolini doit quitter son poste de PDG le 1er avril 2014 - -

Le PDG crée un comité resserré d'une demi-douzaine de personnes. Une manière de préparer sa succession?

Pendant les fêtes, Nonce Paolini a pris une bonne résolution pour l'année 2013: resserrer les instances de direction de TF1, jusque-là pléthoriques. En effet, la Une est dirigée par un "comité de direction générale" de 13 personnes, et un "comité de direction générale groupe" de 17 personnes (et même 20 il y a un an). Le PDG a donc mis place un comité réduit, d'une demi-douzaine de personnes, baptisé "comité exécutif" et qui se réunit tous les 15 jours.

Les heureux élus sont Jean-François Lancelier (antenne), Catherine Nayl (information), Philippe Denery (finances), Arnaud Bosom (ressources humaines), Regis Ravanas (diversification), Jean-Michel Counillon (juridique), et Martine Hollinger (publicité). En revanche, la chaîne indique que Laurent Solly (n°2 de la régie publicitaire) n'en fait pas partie, contrairement à ce que nous avions indiqué.

L'âge du capitaine

Ce mouvement est scruté de près en interne, car on suppose que le successeur de Nonce Paolini doit logiquement faire partie de ce comité restreint. Car l'heure de la succession approche pour Nonce Paolini. En effet, le PDG est né le 1er avril 1949. Or, les statuts fixent l'âge limite du directeur général à 65 ans, un âge que Nonce Paolini atteindra le 1er avril 2014.

Problème: à un an de l'échéance, Nonce Paolini ne s'est jamais exprimé sur le sujet, aucun plan de succession n'a été annoncé, et aucune solution interne ne s'impose d'évidence, d'autant plus qu'une bonne partie du comité de direction a plus de 55 ans. "C'est un sujet tabou: personne n'ose en parler...", déplore un salarié. "A quelques exceptions près, Nonce s'est entouré de 'yes men' avec qui il s'entend, mais qui ne lui font pas d'ombre, et donc n'ont pas l'envergure pour lui succéder", abonde un autre.

Pour certains, ce vide est délibéré, car Nonce Paolini aimerait en réalité rester plus longtemps, en repoussant l'âge limite figurant dans les statuts, par exemple de 65 à 67 ans. Mais cela implique de faire modifier les statuts par le conseil d'administration, puis en assemblée générale. Problème: l'assemblée générale se tient une fois par an fin avril. Une telle modification n'étant pas possible en 2014, elle devra donc être faite lors de l'assemblée générale d'avril 2013, et auparavant être adoptée par le conseil d'administration, peut être lors de la prochaine réunion prévue mi-février.

Une autre solution serait de constituer un tandem entre Nonce Paolini (qui se limiterait au poste de président) et un numéro deux (qui deviendrait directeur général). Cela permettrait au Corse de rester trois ans de plus, car la limite d'âge n'est que de 68 ans pour le poste de président.

Certains noms circulent pour ce poste de numéro 2, comme Laurent Solly, Philippe Denery ou Arnaud Bosom. "Solly a montré ses compétences dans plusieurs domaines, mais il est handicapé par son passé auprès de Sarkozy [NDLR: il était son directeur de cabinet de 2004 à 2007], même s'il a aussi des relations avec le nouveau pouvoir. Denery et Bosom sont très proches de Nonce, donc le risque de mésentente est faible. Mais leurs compétences sont trop pointues pour les imaginer devenir un jour patrons de la Une", analyse un salarié.

Audace ou continuité

Toutefois, les deux dernières fois où la Une a été dirigée en tandem ont été des échecs cuisants, qu'il s'agisse de la cohabitation entre Nonce Paolini et Patrick Le Lay (qui a duré un an), ou celle entre Nonce Paolini et Axel Duroux (qui a duré... un mois). A chaque fois, des conflits de pouvoir ont vite éclaté, et Nonce Paolini a obtenu la tête de son binôme.

Pour éviter que l'histoire se répète, Martin Bouygues, le principal actionnaire de la Une et ultime décisionnaire dans l'affaire, pourrait donc décider de faire venir du sang neuf de l'extérieur. Il pourrait faire preuve d'audace en débauchant Rodolphe Belmer (n°2 de Canal Plus) ou Thomas Valentin (n°2 de M6), qui se lassent peut être d'attendre encore et encore de devenir calife à la place du calife.

Mais le groupe Bouygues a pour habitude de privilégier la promotion interne. Certains avancent donc le nom de Didier Casas, secrétaire général de Bouygues Telecom depuis février 2011, qui a pour lui d'avoir été l'asssistant parlementaire du maire socialiste de Grenoble, Michel Destot.

D'autres citent Maxime Lombardini, directeur général de Free, qui avait auparavant passé 18 ans à TF1 et a gardé de bons rapports avec Nonce Paolini. Mais il est handicapé par les multiples tensions entre Free et Bouygues Telecom, et notamment ses déclarations sévères envers son ancien employeur.

Le nom qui revient le plus souvent reste celui de Gilles Pélisson, administrateur de TF1 depuis 2009, sans doute à la recherche d'un poste deuis son départ d'Accor fin 2010, puis de la présidence du Groupement des professions de services fin 2012. Mais sa récente installation en Belgique, apparemment pour des raisons fiscales, joue contre lui...

Interrogée, la chaîne a confirmé la création du comité exécutif, mais s'est refusée à tout commentaire sur la succession de Nonce Paolini.

Jamal Henni