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Nouvelles fréquences: Free seul contre tous

Free Mobile dispose de moins de fréquences que ses concurrents : le gouvernement et l'Arcep en tiendront-ils compte ?

Free Mobile dispose de moins de fréquences que ses concurrents : le gouvernement et l'Arcep en tiendront-ils compte ? - AFP Eric Piermont

Free réclame une garantie d'accès aux fréquences 700 MHz mises en vente en juillet 2015, au nom du rééquilibrage vis à vis de ses 3 rivaux, qui s'opposent à cette revendication.

C'est un nouveau bras de fer qui se profile entre Free et ses trois concurrents, avec le gouvernement pour arbitre.

Cet affrontement a pour contexte la prochaine attribution de fréquences 700 MHz, occupées par la TNT, au profit des quatre opérateurs mobiles. Le régulateur des télécoms a prévu d'organiser la procédure de mise en vente dès juillet 2015, en vue de leur attribution à l'automne de la même année.

Or, Free réclame un accès privilégié à ces fréquences au nom du rééquilibrage vis à vis de ces trois grands rivaux (Orange, SFR-Numericable, Bouygues Telecom).

Sa grande crainte serait d'être privé de fréquences à la suite d'une procédure d'enchères au plus offrant dans laquelle ses trois rivaux auraient mis plus d'argent que lui sur la table. Sa revendication pourrait prendre la forme d'un lot qui lui serait réservé mais rien n'est encore décidé par le régulateur.

Free a absolument besoin des fréquences 700 MHz

Arrivé dernier sur le marché en 2012, le quatrième opérateur mobile dispose en effet d'un patrimoine de fréquences bien inférieur à ses concurrents. Un début de rééquilibrage a eu lieu, Free ayant récupéré quelques autres fréquences (900 MHz et 1800 MHz) mais il a absolument besoin de futures bandes qui vont être attribuées.

Ces fréquences basses sont très importantes car elles facilitent le déploiement de réseaux mobiles sur des zones étendues du territoire dans des conditions économiques réalistes (avec moins d'antennes) tout en permettant l’amélioration de la couverture réseau à l’intérieur des bâtiments. Avec elles, Free pourrait d'autant mieux satisfaire à ses obligations de couverture géographique en 4G.

Les autres opérateurs mobiles s’opposent farouchement à ce rééquilibrage, dont le principal bénéficiaire serait Free Mobile. Ils arguent qu’il n’y a pas de déséquilibre concurrentiel majeur compte tenu des résultats financiers et commerciaux affichés par le quatrième opérateur mobile.

Ils considèrent en outre que Free Mobile, qui n'a pas obtenu de fréquences 800 MHz en 2011 car il n'avait mis autant d'argent sur la table que ses trois rivaux, bénéficie déjà d'un droit à l'itinérance sur le réseau Numericable-SFR.

L'Etat attend 2 milliards d'euros de la vente des fréquences

Mais, l'itinérance implique des redevances onéreuses à payer. Free le sait mieux que quiconque lui qui s'acquitte de plusieurs centaines de millions d'euros par an pour l'utilisation du réseau 3G d'Orange.

Le gouvernement devra donc arbitrer, in fine, entre la requête de Free ou décider de procéder à des enchères normales au plus offrant, chaque opérateur étant contraint de surenchérir pour décrocher le meilleur lot.

Or, l'Etat a absolument de besoin de maximiser les recettes attendues de cette mise en vente. Il en attend deux milliards d'euros, déjà inscrits au budget 2015, pour financer les besoins de l'armée française.

Les enchères à un tour avec quatre opérateurs mis sur un pied d'égalité comme en 2010, sont un excellent moyen de réaliser cet objectif.

Frédéric Bergé