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Nucléaire : le danger est aussi… financier

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Un accident est survenu jeudi dans l’enceinte de l’EPR de Flamanville. Les autorités ont aussitôt réagi en indiquant qu’il n’y avait aucun danger. En la matière le danger est aussi financier, le coût de l’EPR ne cessant d’augmenter.

Les actualités de l’EPR sont contradictoires entre les Britanniques qui ont donné leur accord à EdF pour que deux soient rapidement construits sur leur territoire, et la France, qui ne cesse de s’interroger notamment à propos de celui de Flamanville.
Les Britanniques ont réfléchi longuement avant de se lancer dans l’aventure puisque le dossier a été examiné au début sous Tony Blair. Mais l’épuisement du pétrole de la Mer du Nord et les problèmes de gaz à effet de serre les ont conduits à franchir le pas. En France la décision de construire un EPR à Flamanville a été prise en 2004 avec un objectif de mise en service en 2012. On parle maintenant de 2016. La France est comme le Royaume-Uni : ces besoins énergétiques augmentent et le pétrole et le charbon émettent beaucoup de gaz carbonique. La différence est que si l’on rencontre en France une hostilité « britannique » au gaz carbonique, on y rencontre aussi une hostilité « germanique » au nucléaire. D’où débats et tensions. Ce qui fait que souvent on oublie l’aspect financier du problème. Compte tenu du retard on est arrivé à un coût prévisible de cet équipement de 8 milliards d’euros. Ce n’est pas négligeable. A titre de comparaison, cela représente l’équivalent de 3 porte-avions. Un lycée de 1000 places coûtent 45 millions, soit deux cents fois moins.

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Nous sommes effectivement 40 ans jour pour jour après le premier choc pétrolier et l’économie mondiale a du mal à s’en remettre. En France, la réponse a été le choix nucléaire mais depuis les décisions prises par le gouvernement de Pierre Messmer de construction de centrales et leur confirmation par François Mitterrand en 1981, on bricole, notamment sur le plan financier : on prolonge la durée de vie des centrales, on ergote sur l’évolution du prix de l’électricité. L’EPR est contesté et son coût régulièrement revu à la hausse – en Finlande le coût a été multiplié par deux depuis les premières évaluations. En outre la Cour des comptes soulignait encore récemment que la masse salariale à EdF avait augmenté très rapidement ces derniers temps, ce qui ne facilite pas l’acceptation d’une hausse des prix de l’électricité qui permettrait de financer les investissements lourds à venir.

Bref, nous allons payer notre électricité de plus en plus cher !

Le besoin en investissement est tel que la réponse est oui. Ce qui alourdit encore la facture à venir, c’est l’indécision ambiante. L’Europe est supposée régler le problème mais on en est encore surtout aux déclarations de principe sur le respect de l’environnement. Bruxelles considère qu’il va être nécessaire d’investir 50 milliards d’euros par an pendant 20 ans pour satisfaire aux besoins des 28, ce dont nous sommes loin pour le moment.

Jean-Marc Daniel