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Objets connectés: la nouvelle bataille des télécoms

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Les réseaux télécom dédiés à l'internet des objets attirent les convoitises. Après Sigfox et Bouygues Telecom, une start up, Qowisio, vient de lever 10 millions d'euros.

Après la téléphonie fixe, l'ADSL, la fibre optique, le GSM, la 3G puis la 4G, une nouvelle bataille démarre dans l'univers des télécoms. Elle concerne les réseaux cellulaires bas débit dédiés aux objets connectés.

L'actuel leader Sigfox est aujourd'hui défié par Bouygues Télécom qui déploie la technologie Lora, développée par Semtech (à la suite du rachat de la société grenobloise Cycleo), mais également par QoWisio une toute jeune start up angevine, qui vient de lever 10 millions d'euros.

Le premier tient le haut de l'affiche avec facilité. Emmené par son fondateur Ludovic Lemoan, Sigfox a rapidement su séduire ses premiers clients, à l'étranger notamment. Courant 2014, il a attiré à lui Anne Lauvergeon, l'ex-dirigeante d'Areva, au sein de son conseil d'administration.

Son ascension a connu, début 2015, une impulsion décisive, lorsque la start up française a réalisé une levée de fonds record de plus de 100 millions d'euros.

Une start up angevine lève 10 millions d'euros

Le potentiel de ce marché a fini par aiguiser l'appétit d'autres acteurs parmi lesquels figurent donc Bouygues Télécom et QoWisio. Le premier a débarqué sur ce marché à la fin de l'hiver avec une technologie dénommée LoRa.

Le deuxième challenger se déclare donc aujourd'hui, profitant de la médiatisation du passage de François Hollande ce vendredi à Angers (rebaptisée pour l'occasion, la cité des objets connectés).

Cette start up d'une cinquantaine de salariés a déjà réalisé un chiffre d'affaires de 9 millions d'euros en 2014 (contre 3 en 2013).

Elle vient par ailleurs de lever 10 millions d’euros pour déployer d’ici la fin de l’année un réseau télécoms bas débit longue portée (50 à 60 kms) dédié aux objets connectés.

Contrairement à Sigfox qui cherche à bâtir un écosystème autour de son infrastructure, Qowisio fabrique elle-même ses propres équipements et capteurs.

Ces technologies pointues restent encore abordables car elles n’échangent que très peu d’informations et n’ont donc pas besoin de haut débit ni de hautes fréquences pour communiquer.

Elles consomment aussi beaucoup moins d'énergie et semblent donc particulièrement adaptées pour interconnecter les objets intelligents. Quelques millions d’investissement suffisent ainsi pour déployer des réseaux à grande échelle au niveau national. Ces infrastructures peuvent ainsi prendre corps au sein de parkings publics, de plateforme de villes intelligentes, de compteurs électriques connectés, etc.

Des modèles de facturation différents

Les enjeux pour ces néo-opérateurs consistent à nouer rapidement des accords avec des agglomérations ou des opérateurs privés. Qowisio affirme ainsi avoir déployé une vingtaine de réseaux privés chez des opérateurs télécoms étrangers, pour gérer notamment la consommation énergétique de leurs équipements.

La bataille va également se jouer sur le mode de commercialisation. Sigfox veut s’allier aux différents fabricants d'objets connectés afin de créer un écosystème. Qowisio préfère lui miser sur des projets clés en main ciblant les grands comptes.

Quant au modèle d'affaires, Sigfox facture par objet et par an ; là où QoWisio -plus discret sur son mode opératoire- affirme facturer selon la fonction de l’objet.

La bataille est donc bien engagée mais, étant donnée la progression du marché de l'internet des objets (on parle de 40 à 80 milliards d'objets connectés entre 2030 et 2050) il reste encore de la place pour beaucoup de monde.

Frédéric Simottel