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Quelle stratégie pour les opérateurs mobiles après le choc Free ?

Le retour à trois opérateurs paraît impossible pour moult raisons

Le retour à trois opérateurs paraît impossible pour moult raisons - -

Les analystes financiers d'Exane prédisent un accord de partage de réseau plutôt qu'une fusion entre opérateurs.

Le 10 janvier 2012, le téléphone mobile vivait son big bang, avec l'arrivée d'un quatrième opérateur, Free. Un an après, l'onde de choc n'est toujours pas digérée, et l'avenir du paysage télécoms français paraît plus incertain que jamais. Mais les analystes financiers d'Exane BNP Paribas se sont risqués à l'exercice difficile de la prospective dans une étude qui vient de paraître.

Fusion : impossible

Pour Exane, une réduction du nombre d'opérateurs mobiles de 4 à 3 est "hautement improbable", car les différentes combinaisons en ce sens sont "très difficiles, si ce n'est impossible".

Premier problème: les autorités de la concurrence s'opposeront à une fusion Free-SFR, Free-Bouygues Telecom, ou SFR-Bouygues Telecom. "Cela ramènerait le marché du mobile au point de départ, avant l'arrivée de Free".

Même obstacle côté politique: "une fusion entre deux opérateurs mobiles n'est pas une issue souhaitable pour le gouvernement, car cela risquerait à la fois de faire remonter les prix, et d'entraîner encore des réductions d'emplois -une mauvaise combinaison d'un point de vue politique".

Dernier obstacle: la différence de culture entre le poids léger Free et SFR, qui "ressemble à un opérateur historique". De même, la mésentente entre Xavier Niel et Martin Bouygues rend impossible une fusion entre leurs opérateurs, qui serait pourtant la combinaison "la plus logique économiquement", et qui aurait une petite chance d'être acceptée d'un point de vue concurrentiel...

Partage de réseau : probable

Les analystes d'Exane pensent donc qu'un accord de partage de réseau entre opérateurs mobiles "parait de plus en plus inévitable, comme dans beaucoup d'autres pays européens". En effet, c'est une solution beaucoup plus simple du point de vue réglementaire et politique: "cela permettrait de réduire les coûts, sans réduire la concurrence sur le marché de détail, ni les effectifs". Légalement, "les opérateurs mobiles partagent déjà les pylônes dans les zones rurales, et rien dans la loi ni leur licence ne leur interdit de partager d'autres éléments passifs ou actifs, comme les antennes".

Selon Exane, un tel partage permet de réduire les coûts de réseau de 10% à 30%. Autre avantage: si les opérateurs mettent en commun leurs fréquences, cela permet d'augmenter le débit proposé: pour la 4G, le débit théorique passe de 50 à 100 mégabits par seconde si l'on détient 20 mégahertz de fréquences au lieu de 10.

En pratique, l'accord le plus "probable" car le plus "naturel" serait entre SFR et Bouygues, et générerait 3,3 milliards d'euros de synergies s'il portait sur tout leur réseau.

Jamal Henni