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Optique: le plafonnement des remboursements passe mal

Le gouvernement voudrait limiter à 100 euros le remboursement sur une monture.

Le gouvernement voudrait limiter à 100 euros le remboursement sur une monture. - -

Marisol Touraine, la ministre de la Santé et des Affaires sociales, a rencontré Manuels Valls ce 24 avril, pour discuter des plafonds des montants pris en charge par les complémentaires santé sur les lunettes et les lentilles. Ce qui n'est pas du goût des professionnels de la filière optique.

Le gouvernement veut faire baisser le prix des lunettes, la France ayant le triste record des prix les plus élevés d'Europe. Marisol Touraine, la ministre de la Santé et des Affaires sociales, a rencontré Manuels Valls ce 24 avril pour discuter des décrets d'application qui doivent fixer les plafonds de prise en charge dans l'optique. Ils seront dégressifs sur cinq ans.

En limitant le montant maximum des remboursements des lunettes et des lentilles par les complémentaires santé, le gouvernement entend pousser les opticiens mais aussi tous les professionnels de l'optique à réduire leurs prix et à relancer la concurrence. Ce qui aurait un effet pour le pouvoir d'achat des consommateurs. Actuellement, le marché de l'optique s'élève à 5,5 milliards et demi d'euros, dont 3 milliards remboursés par les mutuelles.

Ce dispositif d'encadrement aurait aussi à la marge des effets sur les comptes publics. Car les remboursements de l'Assurance maladie subissent eux aussi les prix élevés de l'optique, et toute baisse serait la bienvenue à l'heure où le gouvernement a fixé à 10 milliards le montant des économies à réaliser.

Relever le plafond à 150 euros

Mais les professionnels du secteur de l'optique sont opposés à ce dispositif d'encadrement : ils jugent les plafonds envisagés par le gouvernement trop bas pour maintenir la production en France.

Didier Papaz, PDG du groupe Optique 2000, explique ainsi sur BFM Business, les conséquences d'un remboursement maximal de la monture à 100 euros pour 2015. "Avec un prix public de 100 euros, on a beaucoup de difficulté à la faire fabriquer en France comme j'ai pu m'en rendre compte quand j'ai passé des appels d'offres auprès des fournisseurs de la vallée du Jura", explique-t-il.

"On a 5.000 emplois du coté de Morez, ils sont en danger car ils ne pourront pas produire des montures que l'on va vendre à un prix public de 100 euros. Il faut au minimum 150 euros", remarque Didier Papaz.

100.000 emplois en France

Optique 2000 réalise actuellement 21% de son chiffre d'affaires avec des montures françaises, contre 15% il y a 4 ans. Au total, la filière optique (de la fabrication à la distribution) représente 100.000 emplois en France.

Pour Didier Chappaz, les professionnels ne seront pas les seuls à faire les frais de ce plafonnement. Les consommateurs y perdront aussi en visibilité sur les produits qu'ils achètent.

"Si on perd notre savoir-faire, c'est fini, tout sera fabriqué en Chine. Avec quelles garanties, quels contrôles, quelles laques ou quels traitements de surface ?", s'interroge le PDG.

C.C.