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Orange fait la paix avec l'ex-patronne de sa filiale cinéma

L'investissement d'Orange dans "le Petit prince" avait été décidé sous la direction de Frédérique Dumas

L'investissement d'Orange dans "le Petit prince" avait été décidé sous la direction de Frédérique Dumas - Paramount

Un accord amiable met fin aux litiges entre l'opérateur téléphonique et Frédérique Dumas, licenciée il y a un an et de demi de son poste de directrice générale d'Orange Studio.

Après un an et demi de guerre ouverte, Orange et Frédérique Dumas ont enfin décidé de faire la paix. L'opérateur téléphonique et l'ancienne patronne de sa filiale cinéma Orange Studio (ex-Studio 37) ont discrètement conclu un accord amiable pour mettre fin à leur conflit.

Les hostilités avaient démarré en janvier 2014, lorsque Orange avait licencié Frédérique Dumas, et l'avait parallèlement révoquée de son mandat social de directrice générale de la filiale.

Série de plaintes

Frédérique Dumas avait ensuite déposé une série de plaintes contre son ancien employeur. Devant les prud'hommes, la productrice de cinéma contestait son licenciement. Devant le tribunal de commerce de Paris, elle contestait aussi sa révocation, et réclamait des dommages et intérêts. Enfin, devant le tribunal de grande instance, elle avait porté plainte pour "harcèlement moral" et "faux et usage de faux" contre plusieurs dirigeants d'Orange, dont le PDG Stéphane Richard.

Sur le fond, Orange accusait Frédérique Dumas d'avoir été "en désaccord avec la stratégie générale de réduction des coûts, qui s'appliquait notamment à la filiale cinéma". Une accusation niée par Frédérique Dumas, qui rétorquait qu'Orange ne lui avait jamais présenté de nouvelle stratégie.

Des échecs au succès

Rappelons que la création de la filiale cinéma avait été décidée par l'ancien PDG d'Orange Didier Lombard, qui avait recruté Frédérique Dumas. La filiale, après des débuts laborieux étayés d'échecs commerciaux (Coluche l'histoire d'un mec, L'ordre et la morale...), a fini par rencontrer le succès, finançant des films comme The Artist, Welcome, Les beaux gosses, Gainsbourg vie héroïque, Saint Laurent, Les héritiers, Timbuktu ou le Petit prince.

Mais le nouveau PDG Stéphane Richard a, lors de son arrivée, remis en cause cette stratégie. Il a notamment réduit le budget, passé de 45 à 20 millions d'euros par an (de 30 à 10 millions d'euros pour la seule production de films). 

Parallèlement, Frédérique Dumas a été remplacée par son bras droit, Pascal Delarue, puis par David Kessler, ancien conseiller culturel de François Hollande à l'Elysée, qui a présenté sa stratégie lors du festival de Cannes.

La nouvelle équipe s'est retirée de trois projets: le film de Christophe Barratier sur l'affaire Kerviel, et deux productions du tandem Dimitri Rassam-Aton Soumache: le flm d'animation Playmobil, et Papa ou maman sorti en février.

Interrogé, Orange a confirmé que le litige était "terminé". De son côté, Frédérique Dumas a déclaré: "dans le cadre d’une volonté d’apaisement, le Groupe Orange et Frédérique Dumas ont souhaité mettre fin aux procédures judiciaires qui les opposaient. Il restera de leur aventure commune le souvenir de nombreux films portés ensemble, comme The Artist ou Timbuktu, et une passion partagée pour la création cinématographique".

Jamal Henni