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Orange: nouvelle stratégie dans la production de films

Avec un budget de 60 millions d'euros, 'le Petit prince' est un des 5 films français les plus chers de la décennie

Avec un budget de 60 millions d'euros, 'le Petit prince' est un des 5 films français les plus chers de la décennie - Paramount

David Kessler, ancien conseiller culturel de François Hollande à l'Elysée, dirige depuis le 1er décembre Orange Studio, la filiale cinéma de l'opérateur télécoms. Interview.

BFM Business: le Festival de Cannes présente vendredi 22 mai hors compétition le film d'animation le Petit prince, un film au budget record. Allez-vous revoir votre investissement? 

David Kessler: ce projet a été lancé bien avant mon arrivée [Ndlr: en 2011]. Orange Studio y a investi 10 millions d'euros sur les 60 millions d'euros de budget qu’avoisine le film. Nous sommes chargés des ventes internationales, et fort heureusement, celles-ci sont très bonnes, et nous devrions pouvoir récupérer l’investissement. C’est une excellente nouvelle. Le film est aidé par la renommée du livre de Saint Exupery dans le monde entier.

Vous présentez à Cannes votre stratégie. Quelle est-elle?

Notre ambition est de produire des films avec une certaine exigence, que ce soit dans le scénario ou la réalisation. Nous visons à la fois des films grand public, et des films plus art et essais comme ceux destinés aux festivals. A contrario, nous excluons a priori de produire des documentaires, des films d'animation, des films de genre (horreur...) et des films d'auteur trop pointus.

Quel budget Orange vous accorde-t-il?

Notre budget est de 20 millions d'euros par an, dont au minimum 10 millions d'euros pour la production de films, et le reste pour l'achat de catalogues de droits. Certes, c'est un budget moins élevé qu'auparavant [Ndlr: les premières années, le budget était de 45 millions d'euros par an, dont 15 millions pour les catalogues]. Mais tout le groupe Orange doit faire des efforts. Orange Studio ne peut prétendre survivre durablement au sein du groupe que s'il n'est pas un foyer de pertes. Notre objectif est donc d'être à l'équilibre pour assurer notre pérennité. Nous espérons y arriver de manière récurrente d'ici 3 à 4 ans, et nous serons mêmes proche de l'équilibre dès 2015 grâce aux bonnes ventes internationales du Petit prince. Pour atteindre l'équilibre, nous essayons de rationaliser nos investissements, au-delà du choix esthétique, en définissant à l'avance les recettes potentielles des films. Et je suis sûr que les professionnels préfèrent disposer d'un partenaire fidèle et loyal mais rigoureux que de risquer de le voir disparaître.

Quels sont vos rapports avec OCS, la chaîne cinéma d'Orange?

Il n’y a qu’une stratégie Orange. Et cette stratégie est de renforcer les liens avec OCS. Par exemple, il peut nous arriver de faire des offres communes sur certains films, comme le film d'Emmanuel Bourdieu sur Céline, où nous co-produisons et achetons aussi les droits de diffusion en TV payante. En outre, OCS a des rendez vous réguliers avec nous pour s’approvisionner dans le catalogue de droits d'Orange Studio. Enfin, le comité d'investissement d'Orange Studio, qui examine tous les films a été refondu, et comprend maintenant un représentant d'OCS, un autre de la direction financière, un autre de la direction juridique, etc...

Quels films avez-vous lancés?

Sont à l'affiche ces temps-ci trois films décidés dans les années précédant mon arrivée D'abord, vient de sortir en salles Un peu, beaucoup, aveuglément, le premier film de Clovis Cornillac. Le 3 juin sortira Qui c'est les plus forts, la nouvelle comédie de Charlotte de Turkheim. Et le 24 juin sortira Un moment d'égarement, produit par Thomas Langmann, qui a voulu faire un remake du film réalisé par son père Claude Berri en 1977. Nous avons beaucoup d’espoir et d’enthousiasme sur chacun de ces films.

Depuis mon arrivée le 1er décembre, nous avons investi dans trois films d'auteur avec un budget de quelques millions d'euros chacun. D'abord, le nouveau film de Valérie Donzelli, Marguerite et Julien, qui a été retenu en compétition officielle au Festival de Cannes. Ensuite, Orel & Gringe, le premier film du rappeur Orelsan, qui devrait sortir le 9 décembre. Enfin, Louis-Ferdinand Céline, d'Emmanuel Bourdieu, où Denis Lavant tient le rôle de l'écrivain d’une façon qu’on découvrira stupéfiante.

Enfin, nous finalisons actuellement deux ou gros gros budgets concernant des films d'une dizaine de millions d'euros, qui seront annoncés prochainement.

Pourquoi avez-vous abandonnés certains projets lancés par l'équipe précédente, dont le flm d'animation Playmobil, le film de Christophe Barratier sur l'affaire Kerviel, ou Papa ou maman sorti en février?

Nous nous sommes retirés en 2014 de plusieurs projets sur lesquels nous avions des accords de développement, faute de trouver un terrain d’entente suffisant.

Jamal Henni à Cannes