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Orange revient vers Bouygues pour parler mariage

Martin Bouygues (à droite sur cette photo) assurait lors de la présentation de ses résultats qu'il avait vu Stéphane Richard (à gauche) "deux ou trois fois avec plaisir".

Martin Bouygues (à droite sur cette photo) assurait lors de la présentation de ses résultats qu'il avait vu Stéphane Richard (à gauche) "deux ou trois fois avec plaisir". - ERIC PIERMONT / AFP

Stéphane Richard, le PDG d’Orange pousse de nouveau à une consolidation. Des contacts ont été pris entre les groupes ces dernières semaines.

Orange repart à l’assaut. Pour la troisième fois, le PDG de l’opérateur historique tente de relancer la consolidation du marché français. Lors de la présentation des résultats annuels du groupe, jeudi matin, il a appelé de ses vœux un passage de quatre à trois opérateurs. "La consolidation a toujours du sens et je ne suis pas le seul à le penser, a expliqué Stéphane Richard. Les mêmes raisons qui la justifiaient par le passé existent toujours".

Martin Bouygues a assuré ce jeudi qu’il n’y avait aucune discussion. Mais les contacts entre les deux groupes semblent bel et bien avoir repris. Notamment entre les directions financières des deux groupes. "Il y a eu des échanges techniques ces dernières semaines", explique une source proche d’Orange. 'On se voit et on parle de tout, élude-t-on chez Bouygues. On sent qu’Orange pousse". "Le fil n’est jamais rompu, on avance par étape, explique un proche de Martin Bouygues. Le contact est maintenu".

L’élection présidentielle ne semble même pas un obstacle insurmontable. "Cette opération serait positive pour l’emploi et l’investissement" ajoute un bon connaisseur du dossier. L’an passé avait circulé une note du Trésor qui estimait que la consolidation du marché des télécoms en France créerait entre 0,5 et 1 point de PIB en cinq ans. Bottant en touche, Martin Bouygues a rappelé que "l’Etat n’avait pas voulu de l’opération l’an passé".

"On se prépare à une sortie de l’Etat"

Une position qui serait en train d’évoluer. "Une baisse de la part de l’Etat chez Orange ne serait pas un problème, a déclaré Stéphane Richard devant les journalistes. On se prépare à leur sortie". Le PDG de l’opérateur cherche surtout un actionnaire de référence pour remplacer l’Etat. Et Martin Bouygues lui plait davantage que Vincent Bolloré. "L’idée que l’Etat laisse sa place chez Orange à un actionnaire privé fait son chemin au sein de l’administration", note un dirigeant d’un opérateur concurrent.

Car la sortie du patron d’Orange sur la consolidation dans les télécoms intervient alors que les négociations patinent avec Vivendi autour de Canal+. Stéphane Richard a toujours exclu que Vincent Bolloré, actionnaire de Vivendi, entre au capital d’Orange. Alors qu’il accueillerait les bras ouverts Martin Bouygues. Une entente cordiale réciproque. "J’ai vu Stéphane Richard deux ou trois fois avec plaisir" a lancé Martin Bouygues en guise de message subliminal lors de la présentation de ses résultats.

Les amabilités ont aussi été échangées mercredi soir lors de la soirée des 20 ans de l’Arcep, le régulateur des télécoms. Xavier Niel et Patrick Drahi, un temps en froid, ont affiché leur réconciliation. Le propriétaire de SFR (et de BFM Business) entretient des relations cordiales avec Martin Bouygues qu’il a d’ailleurs revu en décembre dernier. Hormis la rivalité entre le patron de Bouygues et celui de Free, les relations entre les patrons des quatre opérateurs se sont assagies. Tous sont prêts à relancer leurs pourparlers. Et préparent le terrain pour revenir dans le jeu.

Matthieu Pechberty