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Le pape François s'attaque aux finances du Vatican

La Basilique Saint Pierre, au Vatican.

La Basilique Saint Pierre, au Vatican. - -

François Hollande se rend à Rome, ce vendredi 24 janvier, rencontrer le Pape. Un souverain pontife atypique, qui s'en prend aux dérives de la finance et qui a aussi décidé de s'attaquer à celles du Vatican.

François Hollande se rend au Vatican ce 24 janvier, s'y entretenir avec le pape François pour la première fois depuis le début de son mandat. Un souverain pontife qui se distingue par ses prises de positions sur l'économie, comme lorsqu'il dénonçait, fin 2013, "le fétichisme de l'argent", la richesse "qui gouverne au lieu de servir le pouvoir". Au moins un sujet de convergence avec François Hollande, qui faisait de la "finance" son ennemi lors de son discours du Bourget durant la campagne présidentielle.

Jorge Mario Bergoglio s'en prend aussi à l'Institut pour les Œuvres de la religion (IOR), la "banque du Vatican". Depuis le début des années 80, le nom de cet établissement qui héberge les dépôts du clergé apparaît dans divers scandales de blanchiment d'argent, pots-de-vin et autres malversations. Des affaires qui ont donné lieu à des enquêtes, des limogeages, voire des assassinats non-élucidés à ce jour.

En dépit des menaces, le pape François amplifie le travail initié par son prédécesseur, Benoît XVI, pour rendre propre la "banque de Dieu". Notamment via la création, fin mai 2013, d'une commission spéciale d'enquête qui doit vérifier la conformité des activités de l'établissement avec les principes de l'Eglise.

18.900 clients

L'institut à qui il est reproché ne pas respecter les critères internationaux de transparence pour lutter contre l'argent sale et l’évasion fiscale, tente de redorer son image. L'enjeu et de pouvoir recommencer à collaborer avec les autres banques.

Sous le mandat de son nouveau président, nommé en février 2013, l'Allemand Ernst von Freyberg, elle a publié en octobre 2013, un bilan annuel. Une première dans l'histoire de l'IOR. L'établissement y indique gérer les comptes du clergé, d'organisations et personnes liées à l'Eglise catholique. Soit 18.900 clients pour plus de 7 milliards d'euros de passif.

On y lit également que la banque fait du trading, en particulier sur des titres de dette souveraine italienne. Des activités qui ont généré 86 millions d'euros de profits en 2012, soit des bénéfices multipliés par 4 depuis 2011.

Pour Pascal de Lima, économiste et enseignant à l'IEP de Paris, ce bilan souffre de sérieuses carences. Sur la méthode de valorisation du patrimoine immobilier de la banque, ou sur sa manière de faire face aux risques liés aux titres de dette qu'elle détient.

55% des comptes "vérifiés"

La banque a mandaté plusieurs cabinets internationaux, dont KPMG, pour normaliser ses pratiques, certifier ses comptes et l'aider dans sa communication. Mais elle continue de fonctionner "comme un coffre-fort", estime l'économiste.

Les clients de cette banque sont susceptibles de toucher des dons de fidèles. Comment alors vérifier la provenance de ces fonds et différencier le bon grain de l'ivraie? "Il n'existe aucun moyen de le faire", estime Pascal de Lima.

La banque a néanmoins fermé en octobre 900 comptes jugés "douteux". Elle continue actuellement sa vaste opération de vérification des avoirs de ses clients. Le 22 janvier, elle annonçait avoir vérifié 55%, soit un peu plus de 10.000 comptes, sans toutefois préciser ni le contenu, ni la méthode, de ces audits.

Nina Godart