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Vie de bureau

Parfumer les bureaux, la nouvelle mode dans les entreprises françaises

L'odeur diffusée dans les bureaux doit faire l'unanimité.  Le patchouli est donc systématiquement écarté, car jugé trop fort par bien trop de nez.

L'odeur diffusée dans les bureaux doit faire l'unanimité. Le patchouli est donc systématiquement écarté, car jugé trop fort par bien trop de nez. - Felipe Ernesto- Flickr- CC

Les odeurs ont le pouvoir de rendre un lieu accueillant. A tel point que de plus en plus d'entreprises ne se contentent plus de parfumer les lieux ouverts au public, mais également les bureaux de leurs collaborateurs pour qu'ils se sentent mieux au travail.

Une bonne odeur de pain au chocolat pour attirer les gourmands dans la boulangerie, des essences de bois diffusées pour convaincre le chaland de la qualité des meubles proposés en magasin, une douce odeur réconfortante pour aider les clients d'un hôtel à se sentir comme chez eux… les professionnels ont depuis longtemps compris le pouvoir des odeurs. Mais désormais, les entreprises ne se contentent plus de parfumer les espaces ouverts au public, elles se mettent aussi à diffuser des odeurs dans les locaux destinés à leurs seuls collaborateurs.

"C'est en fait grâce à l'accueil positif de leurs salariés sur les odeurs diffusées sur leurs lieux de travail, que certaines entreprises ont eu l'idée de l'étendre à tous leurs locaux", explique Stéphane Arfi, spécialiste du marketing olfactif qui a créée Emosens il y a près de 8 ans. Rien d'étonnant à cela: de nombreux salariés pensent à prendre une bougie, un diffuseur d'huile essentielle ou bien de l'encens pour embaumer l'air ambiant, comme ils en ont l'habitude chez eux, afin de créer une atmosphère dans laquelle ils se sentent à l'aise. 

Les odeurs participent à l'identité d'un lieu

Comment les odeurs peuvent agir sur le bien-être? L'odorat est un sens particulier, qui touche directement la partie émotionnelle du cerveau et dont les souvenirs restent stockés longtemps en mémoire. C'est ainsi que des odeurs de chocolat chaud peuvent évoquer l'enfance ou bien celle de la noix de coco, les vacances passées dans une île paradisiaque. Les odeurs participent à l'identité d'un lieu.

Les entreprises vont donc chercher les parfums qui rendent leurs espaces le plus accueillant possible tout en faisant consensus. Car la perception olfactive diffère en fonction des sensibilités individuelles, mais aussi de l'âge et du sexe. Les femmes sont ainsi plus réceptives aux odeurs. Emosens s'adapte donc à la population en présence, et prend en compte leur préférence, car le but final est bien d'accroître leur confort.

De fait, certaines fragrances sont systématiquement écartées. "Le patchouli, soit on l'adore, soit on le déteste", assure Stéphane Arfi. C'est aussi le cas du oud, une essence de bois très prisée en Orient qui est très à la mode dans le monde de la parfumerie, mais qui est trop prononcée pour plaire à tous.

Des senteurs régionales

En revanche, les notes fruitées sont appréciées du plus grand nombre, notamment celles d'agrumes, à qui on attribue une image dynamisante. Rien de tel donc, pour accroître la concentration et l'implication des salariés.

"J'ai une PME basée dans le sud de la France qui voulait que le parfum s'inspire d'une note régionale. C'est ainsi que l'on peut privilégier la lavande, la fleur d'oranger ou la figue pour répondre à ce critère", détaille le PDG d'Emosens.

Autre subtilité: faire varier le parfum en fonction des saisons. Les notes florales seront donc plus présente au printemps, avec pourquoi pas du muguet pour le mois de mai.

De fines gouttelettes

Pour que cet air parfumé conserve sur le long terme ses bienfaits sur le bien-être du salarié, il ne faut pas qu'il soit diffusé à tout-va, au risque de devenir imperceptible.

"On créé des nuages de parfums, qu'un salarié sentira en fonction des mouvements de l'air ou quand il se déplacera dans la pièce. Il se dira alors, 'tiens ça sent bon ici'", révèle Stéphane Arfi. Pour cela Emosens utilise la technologie de la nébulisation qui consiste à projeter des microparticules de parfums.

Selon la configuration des locaux, le système de parfum peut être directement intégré dans le système de climatisation ou bien par le biais de diffuseurs portables. L'investissement pour les entreprises est modique: les prix démarrent à partir de 55 euros par mois, incluant la fourniture des recharges et la maintenance.

Coralie Cathelinais