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Participation record pour le Marché du film de Cannes

Cette année, Canal Plus a renoncé à son stand au Marché du film

Cette année, Canal Plus a renoncé à son stand au Marché du film - BFM Business

Le festival de Cannes abrite aussi un marché, le plus important du monde, où s'achètent et se vendent les droits des films pays par pays. Un système que les acteurs du web bousculent.

A l’issue de ce 70ème festival de Cannes, le directeur délégué du Marché du film Jérôme Paillard affiche sa satisfaction: "Avec 12.324 participants, nous avons battu notre record historique qui s’établissait à 12.000 participants.

Cela est dû à de forts contingents en provenance de Chine (600 participants, +21%), du Japon (309 participants, +21%), de Corée du sud (286 participants, +9%), et d’Inde (204 participants, +26%). Plusieurs pays ont participé pour la première fois au Marché, comme l’Afghanistan, le Honduras, Macao, le Mali, ou l’Ouzbékistan.

De nouveaux acteurs pas comme les autres

Le Marché est aussi dopé par l’arrivée des nouveaux acteurs du web, comme Netflix et Amazon, qui viennent y acheter les droits de films pour alimenter leur service de vidéo-à-la-demande (VoD). "Les services de VOD comme Netflix ou Amazon envoient des délégations de plus en plus nombreuses. Cette année, Netflix a acheté un peu moins de films, mais reste à un bon niveau de plusieurs dizaines de films achetés", relève Jérôme Paillard.

Toutefois, ces nouveaux acteurs ne sont pas tout à fait comme les autres. D’abord, "en achetant les droits VoD, Netflix rend en général impossible la sortie en salles", explique Jérôme Paillard. Le cas le plus extrême étant la France, où ne sortiront finalement pas en salle les deux films achetés par Netflix et présentés en compétition officielle.

Ensuite, ces nouveaux acteurs achètent les droits pour le monde entier, alors que jusqu'à présent, la vente des droits se faisait pays par pays. "Aujourd'hui, le producteur compare l'offre de Netflix avec la somme des offres des distributeurs de tous les pays. Le risque existe que l'on aille vers un modèle où le producteur vendra directement à Netflix, se passant ainsi d'un vendeur à l'international, et économisant ainsi la commission de 30% conservée par le vendeur", relève Jérôme Paillard.

Un marché stable

Reste que l’arrivée de ces nouveaux acteurs a redonné un coup de fouet aux ventes de films indépendants. "Les ventes de droits au marché du film ont été stables cette année, un peu dopées par les services de vidéo-à-la-demande chinois. Pour les films encore en projet, une quarantaine de gros budgets ont été présentés en pré-ventes, soit beaucoup plus que l'an dernier ou qu'à Berlin", résume Jérôme Paillard.

Autre tendance: les films en réalité virtuelle. Une étape a été franchie avec Carne y arena, le film d’Alejandro Gonzalez Iñarritu, présenté dans un hangar dans la banlieue de Cannes et unanimement acclamé. Au Marché du film lui-même, 85 films en réalité virtuelle ont été présentés. "Cannes est le premier marché de la réalité virtuelle: il commence à y avoir des acheteurs et des vendeurs, même si personne ne voit encore comment le marché va s'organiser. Toutefois, on voit des producteurs qui refusent de vendre des droits mondiaux à des plate-formes, pour garder le contrôle de la distribution", dit Jérôme Paillard.

Canal Plus s'affranchit des règles

Seule ombre au tableau : Canal Plus. Certes, la chaîne cryptée est revenue sur la Croisette cette année, mais a abandonné son traditionnel stand au Marché du film, qui était jusqu'alors le plus grand. "Nous avons appris tardivement que Canal renonçait à son stand, qui a été récupéré par FilmNation", déplore Jérôme Paillard.

La filiale de Vivendi a donc mené toute son activité cannoise –y compris la vente des films de sa filiale StudioCanal- depuis son patio, un espace en dehors du Marché. Et ce alors que le patio se situe dans une zone réservée à la promotion, et non à la vente…

Jamal Henni, à Cannes