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Paul Jorion: "les trois-quarts des modèles en Finance ne valent pas un clou"

Paul Jorion remet en cause la qualité des modèles utilisés par les banques

Paul Jorion remet en cause la qualité des modèles utilisés par les banques - BFM Business

Le célèbre blogueur belge et anthropologue était l'invité de BFM Business ce jeudi 17 septembre. Après avoir brièvement évoqué la réunion de la Fed, il a expliqué pourquoi, selon lui, la Finance dans son ensemble va dans le mur.

Le monde entier a les yeux rivés sur la Fed, ce jeudi 17 septembre. La banque centrale des Etats-Unis achève aujourd'hui une réunion cruciale qui pourrait l'amener à décider de remonter ses taux d'intérêts pour la première fois depuis 2008. Une décision qui pourrait fragiliser l'ensemble de l'économie mondiale qui est habituée à une politique monétaire de plus souples.

Janet Yellen, la présidente de la Fed, a donc une décision des plus difficiles à prendre. Doit-elle augmenter les taux? "Si j'étais elle, je ne le ferais pas", répond Paul Jorion, le célèbre anthropologue et blogueur belge, auteurs de plusieurs ouvrages sur la Finance, invité de BFM Business ce jeudi 17 septembre. Pourquoi? "Les salaires n'augmentent pas et les nouveaux emplois sont surtout des emplois intérimaires", répond-il.

Celui qui a affirmé en 2009, quand la Fed a commencé à actionner la planche à billets que le système serait "inarrêtable", juge au passage que Janet Yellen "louvoie et n'a pas une politique claire. C'est une politique prudente et timorée".

Mais au-delà de la Fed, c'est, selon lui, l'ensemble du système financier qui ne marche pas. C'est une thèse qu'il étaye notamment dans son livre Penser tout haut l'économie avec Keynes. Et comme il le dit lui-même "Keynes est un prétexte pour produire (dans le livre, ndlr) des éléments qui manquent". Mais aussi pointer des erreurs.

"Tout cela est d'une médiocrité extraordinaire"

Exemple: "ce qui est mauvais ce sont les mauvais modèles pas testés par les faits empiriques. Et quand ces modèles sont infirmés par la réalité, on les garde!", explique-t-il.

"On demande aux banques et aux compagnies d'assurance d'évaluer elles-mêmes avec leur modèle la validité de leur action". Or, "les trois quarts des modèles que l'on a en Finance sont des modèles qui ne valent pas un clou qui ne représentent pas la réalité d'une manière quelconque", poursuit-il. "En finance on vous dit que le problème est trop compliqué et qu'on va le simplifier jusqu'à ce qu'on arrive à le traiter. C’est-à-dire que l'on va faire des équations. Mais quelle est la garantie que l'on ait, une fois le modèle simplifié, quelque chose qui n'est pas déconnecté de la réalité", fait-il mine de s'interroger.

Il explique ensuite que les banques mènent ensuite des "backtesting" pour vérifier la validité de ces modèles. Et si il y a 35% de vérifications "on dit que c'est pas mal du tout". Et Paul Jorion de conclure que "tout cela est d'une qualité qui est d'une médiocrité extraordinaire".

J.M.