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Philippe, Hulot, Borne: le gouvernement monte au créneau dans la bataille du rail

De gauche à droite, Elisabeth Borne, Nicolas Hulot et Edouard Philippe.

De gauche à droite, Elisabeth Borne, Nicolas Hulot et Edouard Philippe. - Alain Jocard / AFP

Plusieurs membres du gouvernement sont montés au créneau ce dimanche pour défendre la réforme de la SNCF, alors que les cheminots entament leur deuxième séquence de grève. Pour la première fois, le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, a pris la parole sur le sujet.

Alors que les cheminots ont entamé leur deuxième séquence de grève, plusieurs membres du gouvernement s'expriment dans la presse ce dimanche. 

Le Premier ministre, Edouard Philippe, a réaffirmé la détermination du gouvernement à mener cette réforme de la SNCF, contre laquelle les syndicats ont appelé à la grève pour les journées du 8 et 9 avril. La ministre des Transports, Elisabeth Borne, est quant à elle revenue sur la question du statut des cheminots. Enfin, et c'est une première, le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot s'est exprimé sur cette réforme. 

> Edouard Philippe compte bien "aller jusqu'au bout"

Dans une interview parue dans Le Parisien ce dimanche, Edouard Philippe a dit recevoir "des messages de Français qui soutiennent le gouvernement" et qui l'exhortent d'"aller jusqu'au bout". "C'est ce que nous allons faire", leur a-t-il répondu dans les colonnes du quotidien. 

Si l'ouverture à la concurrence et la fin du recrutement au statut de cheminot ne sont "pas négociables", Edouard Philippe s'est dit "ouvert aux discussions" sur les "modalités" de leur mise en œuvre. "J'ai bon espoir qu'à la fin on s'entende", assure-t-il, alors que les syndicats sont sortis remontés des deux réunions de jeudi et vendredi. Malgré cette situation tendue, le chef du gouvernement a indiqué qu'il était "très satisfait" du travail mené par la ministre des Transports. 

> Elisabeth Borne pointe les positions divergentes des syndicats

Elisabeth Borne a pour sa part affirmé dans les colonnes de Sud-Ouest que les syndicats "n'ont pas une position uniforme", notamment sur la question de l'ouverture à la concurrence. "La CGT est contre le principe même, ce qui rend la discussion compliquée. Mais d'autres syndicats, sans l'appeler de leurs vœux, ont compris que cette ouverture aurait lieu, acceptent la discussion."

"Notre responsabilité commune, gouvernement et syndicats, n'est pas de philosopher sur le principe, mais de discuter des garanties concrètes que l'on donnera aux cheminots", poursuit-elle, rejetant l'accusation d'immobilisme dans les tables ronde, lancée par les syndicats. La ministre a d'ailleurs souligné que les cheminots qui partiraient chez la concurrence en cas de perte d'un marché par la SNCF emporteront "avec eux "la garantie de l'emploi, la retraite, la rémunération... Ce n'est pas rien !"

Mais sur l'arrêt de recrutement au statut, sujet "très sensible pour les syndicats", elle réaffirme qu'il s'agit pour le gouvernement "d'un principe d'équité". "Personne ne comprendrait que dans un monde ouvert à la concurrence la SNCF soit la seule à recruter au statut". Pour elle la convention collective qui est en cours de discussion doit "apporter des garanties à tous les salariés".

> Nicolas Hulot appelle à "retrouver le chemin du dialogue"

Pour la première fois, Nicolas Hulot s'est exprimé publiquement sur la réforme de la SNCF. Le ministre de la Transition écologique a choisi de le faire en rédigeant une tribune, publiée dans le Journal du dimanche

"On ne peut pas rester indifférents face à la dégradation de ce service public, de ce bien commun", écrit-il. "Malgré les investissements, malgré les travaux, notre réseau est en mauvais état, la qualité du service se dégrade, les usagers en subissent les conséquences, alors qu'ils contribuent chaque année pour la SNCF, en dehors du prix des billets, à un effort de 14 milliards d'euros, bien plus que pour d'autres services publics."

Cette situation "donne le droit de poser des questions et nous donne le devoir de remettre l'entreprise sur des rails soutenables", estime-t-il, soulignant que "l'objectif de cette réforme, c'est de faire mieux avec l'argent que nous consacrons au train".

"C'est bien parce qu'on aime le train qu'il faut que ces évolutions aient lieu. Ne pas agir, ce serait trahir une histoire vieille de 100 ans. (...) On ne peut pas préparer l'avenir, réussir la transition écologique et répondre aux défis de la mobilité du quotidien avec 46 milliards de dette", a insisté Nicolas Hulot qui appelle à "retrouver le chemin du dialogue". 

J.-C.C. avec AFP