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Vie de bureau

Piquer ses stylos à votre collègue, ce n'est pas du vol!

"Tout ce qui est sur son bureau, à l'exception de ses affaires personnelles, appartient à l'entreprise. Donc vous pouvez vous servir. Et même de ses documents confidentiels, sous certaines réserves. "

Les petits larcins au bureau, c’est très courant. Un tiers des personnes interrogées ont avoué au cabinet Lowendalmasaï chaparder des stabilos et autres post-it. Mais est-ce que vous savez ce qui est du vol et ce qui n’en est pas?

Par exemple, piquer les stylos de votre voisin de bureau, ce n’est pas du vol. Tout ce qui s’y trouve, à l'exception de ses affaires personnelles (son smartphone, ses cigarettes, sa carte bleue, etc.) appartient à l’entreprise. Donc tant que vous ne les ramenez pas à la maison, vous ne faites rien de mal.

Rien de très grave si c'est un Bic. Mais le principe est le même pour ses documents confidentiels. Les embarquer dans votre bureau, les lire, les utiliser, ce n’est pas un délit. À moins qu'ils soient dans un caisson fermé à clé, ou bien qu'ils soient étiquetés “privé”. Un peu comme les mails de votre boîte professionnelle: l’objet “Privé” interdit à votre employeur (et a fortiori à vos collègues) de les consulter.

En revanche, si vous sortez ces documents de l’entreprise -un fichier client ou toutes sortes de données stratégiques - vous risquez le licenciement pour faute grave. Pourtant 16% des Français se disent capables de voler des documents sensibles à leur entreprise pour les revendre, selon un sondage du cabinet Sel Sailpoint.

La vidéosurveillance très encadrée

Sachez toutefois qu’aux prud’hommes, les juges sont réputés peu cléments dans ces cas-là. Ni l’ancienneté, ni la bonne conduite, ni la faible valeur du larcin ne comptent comme circonstance atténuante dans ces cas-là. 

Dans tous les cas, pour vous punir, l’employeur doit évidemment prouver que vous êtes le voleur. Par exemple grâce à des images de vidéosurveillance. Ce qui n’est pas aisé vu les règles strictes qui encadrent l’installation d'une caméra. Elle ne doit pas porter atteinte à la vie privée, et elle peut être mise à un endroit où il y a une possibilité de vol, mais -nuance législative qui laisse perplexe- elle ne doit pas avoir été installée dans le seul but de constater le vol.

Un exemple de vol improuvable, véridique, et bien plus répandu qu'on le croit, selon les services généraux d’une grande boîte: les lumières disparaissent dans les WC. Je vous laisse imaginer le salarié, debout sur la cuvette, dans le noir, en train de dévisser l’ampoule. Là, c’est clairement du vol, mais impossible de prendre le coupable en flagrant délit.

Nina Godart