BFM Business
Services

Piratage sur internet: l'Hadopi dément le CSA

L'Hadopi a présenté son rapport annuel d'activité mercredi, en assurant que cela ne serait pas le dernier...

L'Hadopi a présenté son rapport annuel d'activité mercredi, en assurant que cela ne serait pas le dernier... - -

L'autorité de lutte contre la piraterie assure ne constater aucune "hausse massive du piratage" comme le prétendait le gendarme de l'audiovisuel.

Le rapprochement entre le CSA et l'Hadopi ne commence pas sous les meilleurs auspices. Jeudi 10 octobre, l'autorité de lutte contre le piratage sur internet a clairement démenti le gendarme de l'audiovisuel sur un sujet sensible: y'a-t-il une recrudescence du piratage?

Le 10 septembre, le nouveau président du CSA Olivier Schrameck avait affirmé: "on observe déjà une extension massive du piratage. J'ai rencontré il y a peu des représentants du monde du cinéma; ils m'ont signalé une aggravation spectaculaire de la situation". Peu après, le lobby des majors du disque (Snep) avait aussi affirmé que le piratage remontait.

Affirmations non étayées

Un mois plus tard, l'Hadopi, à l'occasion de la présentation de son rapport annuel d'activité, a apporté un démenti. "Il n'y a pas d'augmentation massive du piratage, ni en peer-to-peer, ni en streaming, ni en direct download. On ne le constate pas", a déclaré Pauline Blassel, secrétaire générale par intérim, ajoutant: "il nous faudrait des chiffres pour pouvoir y opposer les nôtres". Allusion au fait que ni le CSA ni les industries culturelles n'ont fourni le moindre chiffre pour étayer leurs affirmations.

Jacques Toubon, membre du collège de l'Hadopi, a ensuite décrypté ce qui s'est passé: "cette hausse massive a été évoquée au moment où le sénateur David Assouline voulait transférer les missions de l'Hadopi au CSA à l'occasion de la loi audiovisuelle, à un moment où il fallait démontrer l'urgence d'un transfert. Cette hausse du piratage a été la justification économique de ce transfert, soutenu par Olivier Schrameck et Aurélie Filippetti".

L'ancien ministre UMP a ajouté: "on ne constate pas de hausse du piratage. Personne n'en sait rien. Mais une hausse est vraisemblable, car lorsqu'on a commencé à parler d'une suppression de l'Hadopi, le citoyen a compris que la lutte contre le piratage allait en prendre un sacré coup. Sa réaction probable a été de penser qu'il n'avait rien à craindre".

L'humour incompris de l'Hadopi

De toutes façons, l'Hadopi aurait eu du mal à admettre une hausse du piratage, alors qu'elle répète depuis sa création que le piratage baisse grâce à son action...

Rappelons que le transfert de toutes les missions de l'Hadopi au CSA a été proposé par le rapport Lescure, puis entériné par la ministre de la culture Aurélie Filippetti. Une loi doit le mettre en pratique en 2014.

La position de l'Hadopi sur ce transfert est mi-chèvre mi-chou. "Nous ne sommes pas hostiles, mais on pense qu'on est les meilleurs tout seul", a déclaré Mireille Imbert-Quaretta, qui préside la commission chargée de l'envoi des emails d'avertissement.

Certes, l'Hadopi avait bien publié un communiqué pour "se réjouir" du rapport Lescure. "C'était de l'humour au 3ème ou 4ème degré. Quand l'Hadopi fait de l'humour, personne ne le voit...", assure aujourd'hui Mireille Imbert-Quaretta.

Rendez-vous dans un an

L'Hadopi ne se résigne pas à sa disparition prochaine, et pense même que sa mise à mort prendra plus de temps que prévu. "Nous existerons toujours en juin 2014. Je vous donne même rendez-vous [en septembre 2014] pour notre prochain rapport d'activité", a promis Mireille Imbert-Quaretta. Mais peut être était-ce encore un humour très subtil...

Jamal Henni