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Polémique autour de la vraie rémunération de Carlos Ghosn

Les actionnaires de Renault-Nissan ne connaissent pas la rémunération totale du patron de l'alliance.

Les actionnaires de Renault-Nissan ne connaissent pas la rémunération totale du patron de l'alliance. - ERIC PIERMONT - AFP

Le cabinet de conseil aux actionnaires Proxinvest dénonce l'opacité de la rémunération du PDG de Renault-Nissan, dont les émoluments en yen ne sont pas publiés.

7,2 millions d'euros. C'est le salaire de Carlos Ghosn, le patron de l'alliance Renault-Nissan, pour 2014, selon le document de référence publié par le constructeur fin mars. Une belle progression puisqu'il n'avait touché "que" 2,67 millions en 2013". D'autant qu'en réalité, le montant total de ses émoluments pour l'année dernière dépasse les 15 millions, assure à l'occasion le cabinet de conseil aux actionnaires Proxinvest

Ces 7 millions d'euros correspondent en effet à la rémunération que lui octroie Renault. Or le PDG préside aussi le groupe japonais Nissan. Et un paragraphe du document de référence montre que Carlos Ghosn a reçu, pour l'année 2013, une rémunération fixe au titre de Nissan de 995 millions de yens. Soit 7,6 millions d'euros. Le cabinet spécialisé en déduit que le brésilien qui préside le groupe franco-japonais a touché au moins 15 millions d'euros en 2014. Soit l'équivalent de 850 smics. Et même davantage si l'on compte les plus-values potentielles des actions gratuites qu'il a reçues.

"Cela fait des années que Carlos Ghosn s'assoit sur la loi française sous prétexte qu'il est un grand manager international. Je ne sais pas où il paie ses impôts, mais en tout cas, il est patron d'une boîte française!", s'indigne Pierre-Henry Leroy, le président de Proxinvest.

L'institut estime en effet que l'information donnée en Yen par Renault "n'est ni claire, ni conforme à la loi française". Tout comme l'absence de précisions sur les conditions de performance qui donne droit au patron du groupe à un certain montant de "variable". Une part qui, justement, a progressé entre 2013 et 2014 de 31% de son fixe à …. 147,5%, relate Proxinvest.

L'information financière du constructeur ne respecte pas non plus les termes du code Afep-Medef, qui dicte les bonnes pratiques en la matière aux entreprises. Ce texte réclame en effet "l'exhaustivité" de l'information, quand bien même une partie de la rémunération est versée par "une société tierce".

Proxinvest souligne donc que ce qu'a touché Carlos Ghosn pour sa mission au sein de Nissan n'a pas été soumis au vote des administrateurs de Renault, ni même à son comité de rémunération. Le cabinet rappelle encore qu'en 2014, première année du Say on Pay à la française, 36% des actionnaires s'étaient prononcé contre la partie de rémunération du patron de l'alliance dont ils avaient connaissance. Une opposition massive au regard de la clémence des votes dans les autres sociétés du CAC 40 cette année.

Nina Godart
https://twitter.com/ninagodart Nina Godart Journaliste BFM Éco