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Pour assurer sa barrière de corail, Cancún a trouvé la recette miracle

En cas de tempête causant des dégâts aux récifs, l’assureur Swiss Re s’engage à payer pour des réparer des dommages évalués entre 25 à 70 millions de dollars par an.

En cas de tempête causant des dégâts aux récifs, l’assureur Swiss Re s’engage à payer pour des réparer des dommages évalués entre 25 à 70 millions de dollars par an. - Elizabeth Ruiz-AFP

Swiss Re va assurer la barrière de corail de Cancún au Mexique contre les dégâts causés par les aléas du climat. Un montage unique au monde: la prime d'assurance est payée collectivement par tous les établissements touristiques de la zone.

Assurer contre les catastrophes naturelles un splendide site naturel étalé sur une côte maritime très touristique? C'est le pari conjoint que font les autorités mexicaines, une ONG américaine et... le réassureur zurichois Swiss Re. L'assuré est le récif corallien de 60 kilomètres de long situé sur la partie septentrionale de la presqu'île du Yucatan, au large de la ville de Cancùn.

Ces récifs baignés par la mer des Caraïbes attirent des millions de touristes, au point que leur préservation contre les catastrophes naturelles relève tout autant du défi écologique qu’économique. Et c'est sur ce dernier point que réside la nouveauté.

Sous l'impulsion de l’ONG américaine militant pour la préservation de l'environnement, The Nature Conservancy, les autorités mexicaines et l’assureur suisse ont noué un partenariat unique au monde qui pourrait faire date. "L'un des développements les plus prometteurs destinés à maximiser la valeur de la nature est la possibilité de mettre en place une police d'assurance afin de protéger ces écosystèmes, en garantissant qu'ils sont restaurés en cas de tempêtes extrêmes" explique Kathy Baughman McLeod, directrice générale en charge du risque climatique au sein de l'ONG.

Des primes d'assurance pouvant atteindre 7,5 millions de dollars par an

Selon les détails du contrat, révélés par The Guardian, la police d’assurance sera souscrite, dès septembre, par les établissements touristiques situés sur la zone. Les primes versées collectivement par ces sociétés pourront atteindre un total compris entre 1 million (840.000 euros) et 7,5 millions de dollars (6,3 millions d'euros). Elles serviront à protéger le récif corallien sur une longueur de 60 kilomètres.

En cas de tempêtes extrêmes, fréquentes dans le golfe du Mexique l’assureur prendra en charge la réparation des dégâts nécessaires pour restaurer le récif abîmé. Jusqu'à 70 millions de dollars (59 millions d'euros) pourront être mobilisés pour remplacer les coraux endommagés par des structures artificielles, le temps que les récifs naturels se reconstituent hors de leur milieu ambiant avant de réintégrer leur "habitat".

Selon l'ONG, cette approche nouvelle, qui sert de test pour l'instant, pourrait couvrir d'autres écosystèmes naturels comme les forêts de mangroves ou les marais côtiers. Eux aussi sont menacés par la recrudescence de fortes tempêtes provoquées en partie par le réchauffement climatique. Un marché nouveau pour les assureurs et une approche innovante associant secteurs public et privé que défriche ainsi le réassureur zurichois Swiss Ré mais qui concerne potentiellement toute la planète.

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco