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Pour Netflix, une série française peut plaire au monde entier

'Marseille', la première série locale de Netflix, avec Benoît Magimel et Gérard Depardieu.

'Marseille', la première série locale de Netflix, avec Benoît Magimel et Gérard Depardieu. - David Koskas Netflix

"Le californien a présenté lundi sa stratégie de production de séries locales destinées à être vues dans le monde entier. "

Depuis 2013, Netflix axe sa stratégie sur la production de séries originales réservées exclusivement à ses abonnés. La première a été la célèbre House of cards avec Kevin Spacey, suivie depuis par 35 autres séries exclusives -et le double est annoncé pour 2017.

Depuis deux ans, le californien est passé à l'étape suivante: le développement de séries locales. La première d'entre elle est la française Marseille, avec Gérard Depardieu, qui sera diffusée à partir du 5 mai. Suivra une série anglaise, The Crown, sur la jeunesse de la reine Elisabeth II, qui sera diffusée courant 2016. Puis une série allemande, Dark, programmée pour 2017. Et aussi une série italienne, une espagnole, une brésilienne, une japonaise, une coréenne, une malaisienne, une cambodgienne... Une seconde série française est à l'étude, a expliqué lundi 11 avril le directeur des contenus Ted Sarandos, à l'occasion d'une conférence à Saint Denis réunissant 250 journalistes venus de toute l'Europe, avec Kevin Spacey en guest star, mais sans Gérard Depardieu....

La mondialisation selon Netflix

Toutes ces séries locales sont proposées simultanément aux 75 millions d'abonnés répartis dans le monde entier. "Nous ne faisons pas une série allemande pour les abonnés allemands, mais pour nos abonnés du monde entier", a expliqué Ted Sarandos.

Le directeur général Reed Hastings a ajouté: "Narcos est un bon exemple de série globale que nous voulons faire. La série a été produite par une société française centenaire, Gaumont, tournée à Bogota, avec une star brésilienne, et elle est très populaire en Allemagne".

Carlos Gomez Uribe, vice-président chargé de l'innovation, a résumé: "Nous avons démarré avec des contenus hollywoodiens, mais notre objectif final est de trouver de bonnes histoires locales, puis de les faire voyager dans le monde entier".

Liberté éditoriale

Le producteur de Marseille, Pascal Breton, ajoute: "une série comme Marseille serait bien trop pointue pour un network américain comme ABC, NBC ou CBS. Mais Netflix a trouvé un nouveau modèle économique en additionnant des publics de niche dans le monde entier".

De manière inattendue, Netflix ne tente pas de formater ces séries locales au goût du public américain, mais laisse la bride sur le cou aux créateurs locaux. Le show runner de Marseille, Florent Siri, a ainsi expliqué: "Il n'y a pas eu de directives. Netflix m'a laissé une liberté formidable sur le casting, les décors... Tous nos choix ont été validés". Une attitude à l'opposé des chaînes françaises, qui interviennent énormément sur le scénario, le casting, etc.

En ligne avec le plan d'affaires

Au total, Netflix revendique 2 millions de clients cumulés en France et en Allemagne, mais refuse de donner le chiffre pour la seule France (il est estimé entre 600 et 900.000 par le cabinet NPA). Reed Hastings a juste assuré être satisfait des performances dans l'Hexagone, qui sont "en ligne avec l'objectif de conquérir un tiers des foyers en sept ans".

Cela malgré la réglementation française qui lui impose d'attendre trois ans après la sortie en salles pour proposer un film: "Partout dans le monde, nous pouvons proposer le film au même moment, sauf en France. Mais les Français ne veulent pas changer..." Mais les dirigeants de Netflix ne se donnent même plus la peine d'essayer de convaincre les responsables français, et n'en ont rencontré aucun lors de leur escale parisienne.

Jamal Henni