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Pour Obama, l'économie mondiale devrait être protégée par... la NSA

Jeffery Zients, directeur du Conseil économique national et conseiller d'Obama : "La cybersécurité est un enjeu important pour notre position dans l'économie mondiale".

Jeffery Zients, directeur du Conseil économique national et conseiller d'Obama : "La cybersécurité est un enjeu important pour notre position dans l'économie mondiale". - Saul Loeb (AFP)

Les Etats-Unis veulent redorer l’image de la cybersécurité. Barack Obama veut convaincre les géants du Net de participer plus activement à la défense de l’économie… planétaire. Sans arrière-pensées ?

Aux Etats-Unis, le débat sur la cybersécurité est vif depuis les révélations d’Edward Snowden sur la surveillance mondiale de l’Internet. La méthode de la NSA et la collaboration des grandes entreprises de high-tech américaines ont inquiété les citoyens américains et le reste du monde.

Les uns y voient un big brother qui met en danger les libertés. Hors des Etats-Unis, c’est une arme économique et politique qui donne un avantage certain aux Américains. L’affaire Sony Pictures est arrivée à point pour tenter de convaincre de la nécessité d’être mobilisé sur la cybersécurité.

En tête de cette mobilisation, le président Obama qui se rend ce vendredi à Palo Alto, dans la Silicon Valley, pour participer à une conférence dédiée à cet enjeu.

Les entreprises et la sécurité intérieure doivent communiquer

Le but du président américain est de convaincre de la nécessité de renforcer les défenses informatiques des entreprises, mais aussi rétablir la confiance des Américains vis à vis de leurs autorités. Selon l’AFP, plus d’un millier de personnes sont attendus pour écouter les propositions du président qui pourrait présenter des mesures visant à améliorer le partage d'informations entre les entreprises et le département de la Sécurité intérieure.

"Nous sommes à un tournant pour continuer à avoir un espace informatique qui soit un actif stratégique non seulement pour nous mais pour le monde entier", a expliqué le coordinateur chargé de la cybersécurité à la Maison Blanche, Michael Daniel.

Des mesures visant à un meilleur partage entre elles des entreprises de leurs informations et des menaces ont échoué devant le Congrès ces dernières années. Désormais, il s’agit de faire prendre conscience du lien entre les entreprises et le citoyen. La CNIL appréciera...

Un avantage concurrentiel pour l'économie américaine

"Les entreprises ne protègent pas seulement leurs réseaux mais leurs clients et quand les entreprises sont victimes de failles sur leurs données, ce sont leurs consommateurs qui sont affectés", a expliqué le directeur du Conseil économique national et conseiller d'Obama, Jeffery Zients. En outre "être en avance sur la cybersécurité est vraiment important pour notre position dans l'économie mondiale", a-t-il ajouté.

Cela constituerait un avantage concurrentiel si les Etats-Unis devenaient le pays préféré pour les banques, le stockage de données, ou la technologie des smartphones, a fait valoir M. Zients. La réunion vise aussi à rétablir la confiance entre l'administration Obama et les Américains, depuis les révélations en juin 2013 de l'ancien consultant de l'agence de renseignement NSA (National Security Agency), Edward Snowden, sur l'ampleur des programmes américains de surveillance.

Snowden est poursuivi par les Etats-Unis pour espionnage et a trouvé asile en Russie pour trois ans. "C'est sûr, il y a des tensions", a reconnu M. Daniel. "Mais je pense que la meilleure manière de les traiter c'est de continuer à dialoguer et à coopérer".

Reste encore à savoir si les internautes devront crypter leurs emails ou leurs SMS pour éviter d'être espionnés par l'Etat. "Le cryptage est l'un de nos outils les plus importants, et on ne peut pas laisser des forces de l'ordre saper notre objectif de long terme qui est de créer un internet vraiment sûr, ce qui en soi nous aidera à prévenir des crimes", soutient Kevin Bankston, du New America Foundation Open Technology Institute.

Autre question : quelle sera la réaction des grandes entreprises comme Google, Apple, Facebook ou Microsoft ? En soutenant cette proposition, ne vont-elles pas fragiliser leurs relations internationales et, de fait, leur écosystème ? Apparemment oui puisque déjà, Mark Zuckerberg, fondateur et patron de Facebook, Marissa Mayer (Yahoo) et Larry Page (Google) ont déjà décidé de boycotter l'évènement. Par contre, Tim Cook (Apple) et Eric Schmidt (Google) seront présents.

Pour le moment, personne hors de Etats-Unis n'a réagi à ce projet. A croire que l'Europe et les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) n'attendent que ça pour couper quelques ponts avec les géants américains.

Pascal Samama avec AFP