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Transports

Pour Rolls-Royce, les cargos robots "autonomes" navigueront en 2020

Un prototype doit être mis au point d'ici fin 2017

Un prototype doit être mis au point d'ici fin 2017 - -

Le constructeur britannique, qui fabrique aussi de puissants moteurs de bateaux, participe à un consortium travaillant sur un projet de cargos "autonomes", pilotés depuis la terre. Un prototype doit être mis au point d'ici fin 2017. Les premiers navires commerciaux sortiraient en 2020.

Après la voiture "autonome", voici venue l'ère des cargos naviguant sans équipage. Selon Rolls-Royce, qui dispose d'une activité de systèmes de propulsion pour gros bateaux, ces futurs navires autonomes fonctionneront en mode assisté par ordinateur, que superviseront des opérateurs basés à terre. Un mode de fonctionnement inspiré des drones militaires actuellement commandés à distance par des pilotes situés au sol.

"La question n'est pas de savoir si cela va se produire mais quand cela va arriver. Les technologies pour piloter des navires autonomes existent déjà. Nous assisterons à la mise à l'eau du premier bateau contrôlé à distance en service commercial à la fin de la décennie" pronostique Oskar Levander, vice-président en charge de l'innovation, au sein de la branche marine de l'industriel britannique. 

Un programme de recherche de 6,6 millions d'euros

Ses assertions s'appuient sur le livre blanc intitulé "Les navires autonomes commandés à distance, les prochaines étapes" publié par Rolls-Royce en collaboration avec un consortium de partenaires, y compris les compagnies de transport maritime Finferries et ESL Shipping, l'université de technologie de Tampere (Finlande) et le cabinet d'analyse Brighthouse Intelligence. Ensemble, ils participent à programme de recherche de 6,6 millions d'euros qui court jusqu'en 2017. 

Dans le document de 80 pages, Rolls-Royce et ses partenaires abordent les implications de la conception et de l'exploitation des navires gérés à distance, les aspects légaux et réglementaires et, plus généralement, les problèmes qui restent à résoudre pour aboutir à des usages commerciaux.

Les opérateurs superviseront à distance sur leurs écrans, depuis des salles de contrôle, le bon déroulement de la route maritime suivie par les navires "autonomes"
Les opérateurs superviseront à distance sur leurs écrans, depuis des salles de contrôle, le bon déroulement de la route maritime suivie par les navires "autonomes" © Rolls-Royce PLC

Un élément que tous ces navires auront en commun est qu'ils seront contrôlés par des réseaux de capteurs à base de caméras, de systèmes infrarouges, de radars, pour contrôler l'espace maritime en surface et de sonars pour surveiller les fonds. Ordinateurs et guidage par GPS compléteront ces dispositifs à bord de ces navires. Ceux-ci seront reliés en permanence, par voie radio ou satellitaire, avec des salles de contrôle, dans lesquelles des pilotes superviseront le bon déroulement de la route maritime suivie par le cargo.

"En mode autonome normal, les bateaux naviguant en haute mer exécuteront leur route maritime en échangeant leur position, leur vitesse, avec leur centre de contrôle. Comme en temps normal, ces interactions seront minimales entre le navire et le pilote, ce dernier pourra être en mesure de superviser plusieurs navires en même temps" explique le livre blanc de Rolls-Royce.

Comme pour la voiture autonome, ces futurs cargos "autonomes" réduiraient les risques d'erreur humaine de pilotage, selon les promoteurs de ce concept. Débarrassés de cabines pour l'équipage, des bateaux de sauvetage voire de certains ponts, ils seraient beaucoup moins chers à construire et à exploiter.

À l'instar des débats juridiques qui font rage autour de la voiture autonome, la législation maritime devra évoluer pour accepter la navigation en haute mer de porte-conteneurs ou de pétroliers, sans équipage. "Pour que les navires autonomes et contrôlés à distance deviennent une réalité, un effort sera nécessaire à tous les échelons réglementaires" expliquent les auteurs du livre blanc.

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco