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Air France-KLM est condamné à se serrer un peu plus la ceinture

Des avions Air France à Roissy Charles de Gaulle, le 24 septembre 2014.

Des avions Air France à Roissy Charles de Gaulle, le 24 septembre 2014. - Stéphane de Sakutin - AFP

Les discussions sur le plan d'économie sont toujours tendues entre la compagnie et les pilotes. Mais Air France-KLM tarde à sortir la tête de l'eau. Plus de la moitié des lignes internationales perdent aujourd'hui de l'argent.

Décidément, rien n'est encore réglé chez Air France-KLM. On croyait que les discussions s'étaient apaisées avec les pilotes, mais on a appris hier, mercredi 5 août, que les négociations autour du nouveau plan d'économies s'étaient de nouveau tendues.

Il faut dire que pour redresser l'entreprise, la direction de la compagnie aérienne réclame encore des économies supplémentaires, qui s'ajouter au 1,8 milliards d'euros du plan Perform 2020 déjà annoncé. Un effort visiblement insuffisant pour ramener le groupe dans le vert.

La recette unitaire par passager en chute libre

Rien n'y fait. Les plans ont beau se succéder, Air France-KLM tarde à sortir la tête de l'eau. Après le court et moyen courrier chroniquement déficitaire, le réseau long courrier -présentée comme la vache à lait de l'entreprise il y a encore peu- est à son tour affecté par une inquiétante baisse de recettes et de rentabilité. Plus de la moitié des lignes internationales perdent aujourd'hui de l'argent. Il n'y a plus que l'offre low-cost avec Transavia qui réalise des profits.

Principale raison de cette débâcle: une recette unitaire par passager qui ne cesse de baisser. Du coup, même si le chiffre d'affaires progresse, les recettes engrangées ne permettent pas de couvrir les frais fixes et notamment les coûts salariaux qui restent très élevés. Sans oublier la facture kérosène, qui représentent environ 35% de ses coûts. Air France se trouve en quelque sorte piégé par ce qui fit autrefois sa force: les couvertures carburant.

British Airways et Lufthansa s'en sortent bien mieux

Ce système d'assurance proposé par les banques permet de programmer les achats de kérosène à un prix fixé à l'avance. Si à la date prévue, les cours du pétrole ont grimpé, la compagnie n'est pas pénalisée par cette hausse. Mais s'ils ont baissé, elle doit payer le prix fixé dans le contrat. Certes, aujourd'hui, les banques proposent aussi des "options" permettant à une compagnie aérienne de profiter, au moins partiellement, d'une éventuelle baisse des cours du pétrole. Mais encore faut-il faire les bons choix au bon moment et prendre en compte l'évolution conjointe du dollar par rapport à l'euro.

En la matière, Lufthansa et British Airways s'en sont, depuis le début 2015, mieux sortis, profitant clairement du fait que le baril a perdu -sur douze mois, plus de la moitié de sa valeur, en dollars. La baisse du prix du baril a permis au géant allemand d'économiser 309 millions d'euros au premier semestre alors qu'Air France-KLM a vu sa facture progresser de1,5%.

Le groupe franco-néerlandais est donc condamné à se ressaisir rapidement. Alexandre de Juniac ne le nie pas. Le groupe qu'il dirige est à la croisée des chemins: soit il prend les mesures qui s'impose et reste un géant du ciel, soit il va très vite se retrouver en deuxième division.

Mathieu Sevin