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Energie

Pourquoi cette ville de Bretagne mise tant sur les énergies renouvelables

Ce village de 15.000 habitants va devenir autonome en énergie. (image d'illustration)

Ce village de 15.000 habitants va devenir autonome en énergie. (image d'illustration) - Fgarret - Wikimédia - CC

Nichée au cœur du Morbihan, Locminé a choisi de sortir de l'ombre en s'offrant "Liger". Ce centre dédié à la production d'énergies renouvelables, unique en Europe, a été inauguré ce vendredi 4 novembre 2016 par François Hollande.

La transition énergétique, ce ne sont pas que de grands discours... Alors que le changement climatique s'accélère, les 15.000 habitants de Locminé ont décidé de passer à l'action en valorisant leurs ressources locales. Une fois le projet Liger (Locminé Innovation et Gestion des Énergies Renouvelables) lancé à plein régime, cette ville du Morbihan sera en mesure de compenser les 18.000 tonnes de dioxyde de carbone (CO2) qu'elle émet annuellement. 

Aux prémices de ce projet, "nous avons été pris pour des fous" se souvient Grégoire Super le président de la société d'économie mixte Liger, par ailleurs maire de la ville. "Qui aurait pu imaginer, il y a dix ans, que notre commune serait dans peu de temps autonome en énergie, en utilisant les déchets que nous produisons pour nous chauffer, nous éclairer, alimenter nos véhicules ?" interroge-t-il. 

Le projet sait générer six types d'énergies vertes 

Liger, dont la construction a débuté en 2011 a coûté quelque 14,5 millions d'euros. Une somme financée d'un côté par la commune, le département, la région et l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et par des entreprises privées comme les groupes alimentaires Jean Floc'h et D'aucy. 

Cette structure, qui emploie 15 salariés, est le premier site en France à coupler chaudière à bois et unité de méthanisation. Le tout produit six types d'énergies vertes : de l'électricité, de la chaleur, du biocombustible, du carburant (bioGNV), du biofertilisant et aussi du biométhane. Un gaz qui sera réinjecté dans la réseau local de distribution. Liger est aussi le seul centre en Europe à valoriser jusqu'à 42 types de déchets, selon les responsables du projet. 

La forêt départementale mise à contribution

La fringante chaudière bois du site, baptisée "Simone" par les salariés est opérationnelle depuis 2012. Sur son corps en acier rouge et noir sont greffés quelques étranges libellules.

Ces magnets, ainsi que quelques oiseaux en bois, viennent rappeler le partenariat passé entre Liger et la Ligue de protection des oiseaux à qui la société a confié la partie forestière de son site pour y créer un refuge. 

Le foyer de la chaudière est, en effet, approvisionné par du bois d'élagage provenant de la forêt morbihannaise et des rebuts de scierie. La chaleur produite est utilisée via un réseau de deux kilomètres pour le chauffage et les besoins en eau chaude des installations publiques (collège, piscine ...) et privées, ainsi que pour des habitations. 

Produire du carburant localement 

À quelques dizaine de mètres, se situe l'unité de méthanisation et ses deux "digesteurs", deux énormes cuves vertes de 25 mètres de haut. Cette installation sera alimentée par 60.000 tonnes de matières organiques. 48.000 tonnes de déchets provenant de l'agro-industrie locale, notamment les cosses et fanes des légumes de l'entreprise D'aucy, 8.000 tonnes d'excédents agricoles (lisier des élevages porcins) et 4.000 tonnes de boues et d'effluents provenant des stations d'épuration proches. 

Le résidus de cette fermentation seront transformés en fertilisant ainsi qu'en combustible. Ce bioGNV, qui n'émet quasiment pas de particules fines, sera ensuite utilisé dans les trois camions chargés de la collecte des déchets. 

A.M. avec AFP