BFM Business
Energie

Pourquoi Fessenheim n’est pas près de fermer

La centrale de Fessenheim.

La centrale de Fessenheim. - SEBASTIEN BOZON / AFP

EDF vient de voter la fermeture de la centrale alsacienne. Mais en réalité, rien n’interviendra avant les élections, au moins.

La fermeture de Fessenheim n’en finit pas de traîner. Le conseil d’administration d’EDF a voté mardi matin le protocole d’indemnisation qui accompagne la fermeture de la centrale nucléaire alsacienne. Concrètement, l’État français versera à l’électricien 490 millions d’euros d’ici 2021. Puis une soule supplémentaire d’ici 2041 pour compenser le manque à gagner en fonction des prix de l’électricité.

Mais avant cela, EDF devra définitivement entériner l’arrêt des deux réacteurs de Fessenheim. Nous en sommes loin. Le décret autorisant cette décision n’a pas été pris ce mardi matin. Ou plutôt, les dirigeants du groupe ont acté son principe mais attendent deux autorisations administratives -donc de l’État- pour le vote final. Ce décret "donnera lieu à une nouvelle délibération du conseil en vue de constater que ces conditions sont réalisées" explique le groupe à la fin de son communiqué.

Une décision finale après l'élection présidentielle

Et l’un de ces deux feux verts administratifs (pour le redémarrage de la centrale de Paluel) doit intervenir au plus tard le 16 mai. Toutes les conditions sont désormais réunies pour que la décision finale intervienne après l’élection présidentielle. Le prochain président, quel qu’il soit, risque fort d’enterrer ce "totem politique" qui n’a cessé de provoquer des levées de boucliers depuis cinq ans.

Et même si tel n’était pas le cas, EDF dispose d’un arsenal réglementaire qui lui permet de faire encore davantage traîner les choses. "L’arrêt définitif" et effectif nécessitera une procédure spéciale qui n’interviendra pas tout de suite. "Cela prendra plusieurs mois, reconnaît-on chez EDF. On n’arrêtera pas la centrale tout de suite". À trois mois de l'élection présidentielle, la centrale de Fessenheim n’est pas près de s’arrêter. "Tout le monde sait que rien ne sera fait avant les élections, ironise un administrateur. On est dans un immense jeu de dupes".

Matthieu Pechberty